A quoi ça va nous servir de voter?

Publié le 25 janvier 2012 par Amroune Layachi

A quoi ça va nous servir de voter?

Le vote est le dernier des soucis de la jeunesse algérienne qui aspire à améliorer ses conditions de vie sans l'aide des politiques.

Ce n'est pas un secret que l'abstention est le plus grand cauchemar des politiques et l'Algérie n'est pas en reste... Les politiques sont tout à fait conscients de la désaffection des citoyens, particulièrement les jeunes, pour la vie politique. Mais connaissent-ils les vraies raisons qui poussent ces jeunes à se désintéresser de leur devoir électoral? L'Expression a décidé de mener sa petite enquête auprès de la jeunesse algérienne pour en savoir plus. Appréciez donc. Vous allez être surpris par ces réponses très significatives...


«Votez!!!Vous êtes malade ou quoi? Moi je vais voter pour élire des députes qui vont toucher plus de 300.000 dinars pour ne rien faire, je ne pourrais jamais cautionner cela», nous répond sèchement Adel, jeune cadre dans une banque privée. «Ces députés pour qui je vais voter, excusez-moi du terme, n'ont rien à foutre de nous. Ils nous promettent monts et merveilles, mais dès qu'ils sont élus on n'entend plus parler d'eux», dénonce-t-il avec colère.

 
«Dites-moi, vous voyez souvent vos élus locaux aller à la rencontre de la population, qui les a élus, pour connaître ses besoins?», nous demande-t-il. «Moi, le seul député que j'ai eu la chance de voir est un député français (élu de Grasse) que j'ai rencontré pendant mes vacances. Il était au marché pour discuter avec ses électeurs. Le jour où je verrais des élus agir ainsi, je voterai», soutient-il.

A quoi ça va nous servir de voter?

«Quelle est la place de la jeunesse dans ce pays? Voilà la question que les politiques doivent se poser avant de nous appeler à voter», fulmine pour sa part Linda, nouvellement diplômée et sans emploi. «J'ai reçu le SMS du ministère de l'Intérieur qui ma appelée à voter; cela m'a mis dans une colère rouge. Pourquoi ils n'envoient pas des SMS pour nous demander de quoi on a besoin? Ils ne se souviennent de notre existence que pendant les campagnes électorales. Franchement ils me dégoûtent!» lance-t-elle.


Brahim, un jeune cadre dans une société privée, est lui affirmatif: «Je ne voterai pas parce que de toutes façons ma voix ne servira à rien puisque les jeux sont faits d'avance. J'ai voté une fois, j'ai vu que ça ne servait à rien sauf à me dégoûter encore plus. C'était la première et la dernière fois. Depuis, j'ai juré que même si mon père se présentait, je ne voterais pas», raconte Brahim dépité. «Ils sont hypocrites (je parle des élus), ils changent du jour au lendemain», poursuit-il.

«Je ne vais pas voter parce que je trouve qu'aucun parti ne mérite que je vote pour lui, il n'y a aucun parti qui me représente, dans lequel je me reconnais», tempête Imen, ingénieur commercial et grande activiste pour les droits de l'homme. «Je vais peut-être voter mais sans conviction, c'est juste pour savoir ce que ça fait de voter. Pour moi «match mebyouaa «(les jeux sont déjà faits) et je sais que ce n'est pas mon vote qui va changer les choses», avoue Fadia, étudiante. «Voter? Pour? Je ne sais même pas qu'il va y avoir des élections, alors comment voulez-vous que je vote. Je ne vois pas l'utilité de mon vote, je sais qu'il n'apportera rien», souligne son amie Amira, commerciale dans une entreprise privée.