Ce lundi 23 janvier fut organisé le colloque annuel de l’observatoire des Achats Responsables à l’Ecole Militaire à Paris, en collaboration avec le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants. Cette 3e édition a été l’occasion pour l’observatoire de présenter le baromètre 2011 sur les Achats Responsables, auprès d’environ 700 personnes. Il a également été question de savoir quel était le niveau d’avancement des d’Achats Responsables et quelles sont ses perspectives.
- Présentation du Baromètre 2011
Le Baromètre utilisé suit une méthodologie quantitative basée sur un questionnaire. Celui-ci a été mis en ligne entre novembre et décembre 2011, à destination des responsables Achats. Au total, 327 concernés y ont répondu, c’est à dire 127 de plus que l’année précédente : 137 sont des organisations publiques, 183 des entreprises privées, et 7 d’autres organisations.
Le Baromètre présente une analyse globale ainsi qu’une étude détaillée des chiffres respectifs aux secteurs public et privé. Du fait de la proportion différente par rapport à l’année dernière entre organisations publiques et privées, il n’est pas totalement juste de comparer les résultats globaux avec ceux de l’an passé. Les entreprises interrogées sont à 50% composées de plus de 1000 salariés, et à 22% de moins de 50 collaborateurs. L’âge moyen des répondants est de 45 ans et 61% des questionnés sont des hommes.
- Les résultats du Baromètre : le contexte
A la question des priorités des entreprises en matière de politiques d’achat, la baisse du coût est le premier élément pour 75% des répondants, suivi par les Achats Responsables (AR) à 60% et l’augmentation de la conformité et qualité à 52%. Une première différence apparait entre public et privé puisque 77% du public assure avoir comme priorité l’AR contre seulement 45% dans le privé.
Le secteur public mène déjà une politique d’achat responsable dans 91% des organisations répondantes tandis que 82% des entreprises privées l’ont mise en place. Les industries et petites entreprises doivent prendre certaines mesures pour aller dans le sens de l’AR.
Au niveau des motivations en matière d’AR, le respect des réglementations et des normes reste en tête avec 61% (76% dans le public et 48% dans le privé). L’image de l’organisation est la deuxième motivation la plus citée avec 52%, et la qualité totale prend la troisième place (44%) devant la baisse des coûts des services et produits (38%) et la préservation de la planète. Il est important de noter que l’image reste la motivation principale du privé (61%), tandis que le public prête beaucoup d’importance à la baisse des coûts des achats (53%). Enfin, la préservation de la planète est de plus en plus un moteur prioritaire, et cette tendance continue.
- Le déploiement en interne
Par rapport à l’importance des critères RSE dans l’organisation, la politique d’AR détrône la première place avec 95%, l’environnement passe deuxième (93%) et la maîtrise durable des coûts et risques pour les parties prenantes prend la troisième place (90%). Ce solide trio de tête a donc été inversé par rapport à l’année précédente, en faveur de l’AR.
On observe une forte progression sur tous les aspects de la mise en place des politiques d’AR dans les organisations. En effet, la mise en œuvre d’une démarche d’Achats Responsables passe avant tout par la diffusion en interne (65%), la formalisation des objectifs de la politique des AR (61%), et la concertation avec l’ensemble des parties prenantes (interne et externe). Ce dernier a gagné 3 places en un an dans le classement des moyens mis en place.
La cartographie des risques RSE se réalise désormais à 41% par type d’achat (+2% en un an), ce qui est positif puisque cela étend la démarche à toutes les catégories d’achat.
En ce qui concerne le calcul des coûts de fin de vie et de destruction ou de recyclage des produits, il est réalisé de manière « systématique » ou « parfois » à 44%. L’ObsAR note une plus forte préoccupation économique sur le coût total, mais explique que les organisations manquent d’outils pour le calcul des coûts globaux.
- Les relations et évaluations des fournisseurs
En ce qui concerne les fournisseurs de petite taille (<250 salariés), les pratiques d’achat prennent d’abord en compte l’efficacité économique à 61% (+4%), plutôt que la taille et le nombre de références. En effet, le critère de l’efficacité économique des fournisseurs reste le plus important à 47% contre 41% l’année dernière.
Les organisations aujourd’hui cherchent à limiter l’impact des procédures d’achat sur les fournisseurs à 79% (systématiquement ou parfois), dont 86% dans le privé. Ce score était de 59% l’année précédente.
Le délai contractuel de paiement des fournisseurs n’est accordé que dans 16% des cas en dessous des 30 jours, contre 5% supplémentaires durant l’année 2010. On note un grand fossé entre les secteurs public et privé, ce dernier n’acceptant que rarement des délais aussi courts.
- L’environnement et le social
En matière d’Environnement, la réduction des consommations prend beaucoup d’importance au détriment d’un remaniement des process, de la prise en compte des impacts sur les matières premières et de l’évolution des choix des produits.
Au niveau social, l’importance du respect des Droits de l’Homme au travail a baissé de 5 points et a atteint 47%, tandis que la lutte du travail dissimulé a augmenté de 5 points (47%).
Enfin, au niveau de l’insertion par l’activité économique, les entreprises favorisent à 77% l’insertion des handicapés, à 42% les sans emploi, à 37% des jeunes sans qualification et à 22% des seniors. Ces niveaux d’insertion sont pour la plupart en nette hausse par rapport à l’année précédente.
- Avis Sequovia
Il apparaît clairement que la mise en place de politiques d’AR est une réalité aussi bien dans le secteur du public que du privé. Il existe pourtant des disparités entre les deux secteurs, en partie à cause du développement d’une politique d’achat public responsable à la suite du Grenelle de l’Environnement.
Cependant, les Achats Responsables sont perçues comme stratégiquement importants. Les intervenants ont bien insisté sur l’importance de la prise en compte des coûts globaux des produits et services, aspect de l’AR qui va dans le bon sens. Cependant les acteurs de l’achat « manquent d’outils » pour le calcul de ces coûts.
De plus, la réglementation et la normalisation sont des leviers puissants permettant des améliorations continues. Ainsi, le décret d’application de l’article 225 de la loi Grenelle II pourrait donc faire avancer les achats dans la direction du développement durable.
Finalement, selon les dires du Ministère de la Défense, les organisations tiennent compte des données économiques dans leur stratégie de développement durable, et doivent rester pragmatiques. Pourtant en ce temps de crise économique, c’est bien le développement durable qui aiderait les organisations à perdurer.