L'histoire: Années 60. Frank Abgnale Jr est un adolescent vivant la belle vie avec son père, piqué par le fisc, et sa mère. Mais un jour, sa mère trompe son père et le divorce suit. Il décide alors de s'enfuir, va créer de faux chèques, prendre plusieurs personnalités dont pilote de ligne, docteur,avocat et finalement, attirer les foudres du FBI...
La critique d'Alice In Oliver:
Ce n'est pas la première fois que Steven Spielberg réalise une comédie dramatique. Le réalisateur avait déjà signé un essai peu convaincant (pour être gentil...) avec Le Terminal, un film franchement anecdotique et peu passionnant.
Avec Arrête-moi si tu peux, les craintes sont donc légitimes, d'autant plus que cette comédie dramatique s'inspire également d'une histoire vraie, en l'occurrence de celle de Frank Abagnale Jr, un jeune escroc qui va sévir aux Etats-Unis dans les années 60.
Toutefois, le film ne respecte pas la vie de ce faussaire dans les grandes lignes. Il ne fait que reprendre certains éléments.
Avant toute chose, Arrête-moi si tu peux reste un exercice de style, une longue traque menée par l'agent du FBI, Carl Henratty (Tom Hanks), tel le jeu du chat et de la souris. Le film peut se targuer d'une distribution de prestige: Leonardo DiCaprio, Tom Hanks (que j'ai déjà cité), Christopher Walken, Nathalie Baye (la french touch), Martin Sheen, Amy Adams, James Brolin, Elizabeth Banks et Jennifer Garner.
Mais avant toute chose, Arrête-Moi Si Tu Peux reste un film personnel. Steven Spielberg restera à jamais marqué par le divorce de ses parents.
Avec cette comédie dramatique, le cinéaste explore les dynamiques complexes d'une famille à la dérive. Les Abagnale mènent une vie paisible jusqu'au jour où le paternel se retrouve sur la touche, menacé par le Fisc.
La mère quitte le domicile conjugual et part vivre avec un nouvel homme.
Pour Frank Abgnale Jr (Leonardo DiCaprio), cette scission familiale est inacceptable. Il ne peut se résoudre à voir son père, son seul et véritable modèle, devenir un petit coursier, condamné à payer ses dettes.
Frank choisit la fuite et se réfugie dans une vie mensongère. Désormais, il sera médecin, pilote d'avion, milliardaire ou encore avocat.
Véritable caméléon et expert dans l'art du mensonge, Frank Abagnale peut changer de blouse au gré de ses différents périples.
Voilà une façon comme une autre de fuir un passé traumatique et d'oublier son incapacité à recoller les morceaux.
Ensuite, Arrête-Moi Si Tu Peux peut s'appuyer sur une musique jazzy, qui donne à la fois une tonalité comique et mélancolique à cette oeuvre burlesque mais terriblement personnelle.
Au final, on a presque l'impression de voir Spielberg en pleine psychanalyse à travers les yeux infantiles de son héros.
Oui, notre cher Frank Abagnale se cache sous l'identité de Flash, un super héros de comics. A partir de là, ce dernier n'aura de cesse de se déplacer.
Il devient totalement incontrôlable et commence à agacer sérieusement le FBI.
Pourtant, son plus grand poursuivant, donc, Henratty, est également son meilleur ami. Toutes ces années de course poursuite endiablées finiront par tisser des liens profonds entre ces deux personnages.
Henratty est également un homme à la dérive, peu réceptif aux blagues de ses collègues et capable de travailler d'arrache-pied le soir de Noël.
En vérité, Henratty et Frank Abagnale se ressemblent beaucoup: ce sont deux personnalités solitaires à la recherche de la paix intérieure.
Steven Spielberg n'oublie pas non plus les seconds rôles. A ce sujet, Christopher Walken livre une composition troublante et touchante.
C'est vraiment le gros coup de coeur (et de blues) du film, qui marquera une étape importante (voire finale) dans la fuite de Frank Abagnale.
Seul petit défaut: le film de Spielby est parfois un brin trop caricatural, à l'image du portrait de notre pays hexagonal et de quelques noms un peu trop français (Commissaire Luc). Mais ne boudons pas notre plaisir, Arrête-Moi Si Tu Peux peut se targuer d'appartenir aux meilleurs crus du réalisateur.
Note: 17/20