C’est à Villebon-sur-Yvette que se trouve le studio à l’origine d’Amy : VectorCell. Ce studio crée par Paul Cuisset existe depuis maintenant six ans, il ne compte à l’heure d’aujourd’hui que deux oeuvres à son actif : Mister Slime, un titre Nintendo DS et Amy.
Pour revenir un peu sur Paul Cuisset, celui-ci est le géniteur du jeu français le plus vendu dans le monde : Flashback sorti en 1992. Il est d’ailleurs possible de redécouvrir ce jeu dès aujourd’hui sur iPhone. Outre ce titre, le créateur est également à la tête de la série des Moto Racer. Autant dire que le monsieur a de la bouteille dans le domaine vidéoludique. Discret depuis Mister Slime, le créateur de Les Voyageurs du Temps, sort de l’ombre pour nous présenter un survival-horror pas comme les autres : Amy. Un jeu disponible uniquement sur le Xbox Live et le PSN.
Tout commence dans un train à destination de Silver City, une ville du Midwest des Etats Unis. Le trajet se passe sans accroc, un contrôleur entre dans la cabine et demande à voir les tickets des deux voyageurs présents dans le petit espace : Lana, une belle jeune femme, sort alors son ticket futuriste. Précision importante, nous sommes en 2034 et le papier semble faire parti du passé, le numérique ayant visiblement pris le pas. Les deux passagères sont en règle, le contrôleur commence alors à partir, mais adresse avant de quitter la cabine un petit mot à la petite fille assise sur la banquette : Amy. Celle-ci ne répond pas. Lana explique qu’elle est autiste et donc incapable de s’exprimer par la parole. Le téléphone de Lana sonne, elle décroche, on comprend à cet instant que Amy part à la rencontre d’un médecin qui est peut être capable de l’aider. L’impensable se produit alors : une sorte d’astéroïde brise l’harmonie du ciel pour venir s’encastrer dans le sol terrien. Le train déraille après l’impact. Lana se réveille quelques heures après l’accident, seule. Elle part donc à la recherche de la petite dans une ville où le chaos est devenu la normalité. Les habitants n’ont plus grand chose d’humain, un mal semble les ronger. Le cauchemar commence pour Lana et Amy.
Le scénario de Amy est plutôt intéressant. L’aventure tourne surtout autour de la relation entre la jeune fille et Lana. Si l’idée est louable, notamment parce qu’elle donne un côté plus humain aux personnages, elle possède cependant une limite : les projecteurs oublient d’éclairer des aspects assez important du titre. De quoi frustrer les joueurs qui attendaient des réponses à leurs interrogations. Malgré ça, l’ensemble tient bien la route et on se surprend même à s’attacher aux deux survivantes. Elles rencontreront d’ailleurs sur leur chemin d’autres personnalités, aussi sympathiques que néfastes. Le scénario progresse en grande partie via des cinématiques un peu particulières : les vidéos sont sous forme de dessin, un peu façon inFamous. L’ambiance maintenant placée, voyons ce que le titre a dans le ventre.
Amy, c’est mon amie
Le jeu est un survival-horror assez traditionnel. On retrouve dans Amy des idées empruntées à droite et à gauche : il y a du Resident Evil, du Ico et même du Dead Space, mais à petite dose. On retrouve ce qui a fait les beaux jours de la série Resident Evil, c’est à dire une maniabilité rigide, stressante à souhait, appuyée par un fort sentiment de fragilité. Lana est maigre, peu musclée, mais elle possède un cerveau (enfin vous). Contrairement à la série phare de Capcom qui met en avant l’action, le titre de VectorCell favorise une approche plus discrète. Armée d’un bâton, elle risque d’avoir du mal à tuer toutes les créatures qui peuplent Silver City. C’est ici qu’on retrouve du Ico (voir même du Resident Evil 4) : Amy a la possibilité de vous aider, car bien qu’autiste la petite possède plus d’un tour dans son sac. Elle est ainsi capable d’entrer dans des pièces qui vous sont inaccessibles via des petites trappes, d’utiliser des pouvoirs spéciaux pour créer une zone de silence, pratique pour éviter de se faire repérer, de pirater des portes de sécurité ou plus important encore, elle peut vous sauver la vie. En effet, la jeune fille est immunisée contre le virus et possède le don de stagner la progression de la maladie lorsque vous êtes près d’elle. Vous l’aurez compris, Amy peut être comparée à un couteau suisse, l’inconvénient c’est qu’elle est à double tranchant contrairement à l’ustensile fermé : elle sera autant d’une grande aide pour vous, qu’une véritable plaie. Grâce à une combinaison de touche, vous pourrez dire à la petite de vous attendre, de vous suivre ou de vous prendre la main.
Le gameplay d’Amy est plutôt varié. Lana devra scanner des corps pour trouver l’ADN permettant d’ouvrir une porte en particulier, résoudre des petits casses-têtes, chercher des seringues pour guérir lorsque Amy n’est pas prêt d’elle ou encore appuyer sur des interrupteurs. Vous devrez même laisser la contamination vous envahir un instant pour ouvrir le chemin en dupant les mutants.
Si le titre possède un sympathique gameplay sur le papier (et même en jeu), celui-ci se voit très souvent plombé par une réalisation presque indigne d’un titre disponible à la vente. On sent que le titre n’est pas passé par la case test avant la commercialisation (et si c’est le cas, espérons que ces testeurs ont changé de «métier» depuis). Pour faire simple, le titre est infesté de petits bugs qui rendent le titre frustrant. Par exemple les ennemis vaincus refont surface par moment, d’accord c’est des zombies, mais il ne faut pas abuser non plus ! De plus ils peuvent être aussi malins que complètement stupides. Le bug le plus gênant du jeu reste le fait qu’Amy lâche par moment votre main sans raison. Autant dire que votre stress va monter en flèche d’un coup : déjà que vous courriez pour survivre, si la petite vous lâche au détour d’un couloir parce qu’un mur l’a bloqué, autant dire que pour la récupérer cela risque d’être ardu. Heureusement Lana peut frapper ses ennemis avec des bâtons qui casseront bien évidemment très vite.
Autre élément gênant : les checkpoint. Difficile de faire une partie rapide à Amy tant les checkpoints sont éloignés. L’idée est pas mauvaise en soi, elle se prête juste mal au concept puisque si vous mourrez il vous faut refaire parfois de longs trajets discrètement, sachant que l’I.A agit de manière aléatoire, ça donne un sacré résultat.
Amy est graphiquement tout à fait passable pour un titre disponible uniquement sur le Xbox Live et le PSN. L’univers est bien modélisé, tout comme les personnages. L’équipe a pris soin de bien détailler son petit monde, dommage que certaines textures et animations ne fassent pas honneur à l’ensemble. On regrette que le développeur n’ai pas pris une part de ce temps pour stabiliser le frame-rate du jeu qui est aussi instable que le temps. Les ralentissements sont légions et bien que souvent courts, ils nuisent à l’immersion. Croisons les doigts pour que le studio corrige ça rapidement.
Enfin musicalement le titre s’en sort très bien avec un doublage (anglais, sous-titré français) de qualité, une bande son qui place bien l’atmosphère et des bruitages effrayants. Dommage que le frame-rate gâche le travail technique du titre…
Conclusion : 7/10
Amy est un titre à double tranchant. Pour l’apprécier pleinement, il faut savoir se voiler un peu la face ou se montrer peu exigeant, notamment puisque celui-ci est vendu à un prix dérisoire (moins de dix euros). Le titre propose une aventure intéressante, stressante, à l’atmosphère réussie et à la technique satisfaisante. Malheureusement, le titre possède des tares qui risquent de bloquer bien des joueurs : un frame-rate instable, des bugs à foison et une maniabilité peut être trop rigide. Si le dernier point reste à l’appréciation du joueur, les deux autres ne le sont pas vraiment. Amy plaira aux fans de survival-horror façon vieille école et laissera les fans de Dead Space ou de Resident Evil 5 sur le carreau. Une sympathique découverte.
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