Magazine Cinéma
L’affiche ment. Sous la photo énigmatique d’une femme auréolée de mystère, on peut y lire "Par les producteurs du Labyrinthe de Pan et L’Orphelinat". Certes. Sauf qu’inutile de vous attendre à la teinte fantastique dont se trouvaient délicatement enveloppés les deux longs métrages cités : Agnosia tient plus du soap ibérique concentré en deux heures que de l’exercice de style horrifique attendu. Cela ne change rien à l’affaire, soit, mais autant rétablir la vérité d’emblée : ici, pas de fantômes cachés sous le lit ou de créatures maléfiques à combattre. Le mal y est bien humain, et prend la forme d’une méchante dame allemande, prête à tout pour s’approprier le secret de la fabrication d’une lentille, composant d’un viseur de fusil. Si les traits grossiers des personnages (et un manichéisme certain) rappelle le conte de fées, c’est le seul point commun que l’on peut trouver avec les géniaux Labyrinthe de Pan et L’Orphelinat.
Car, si le script d’Agnosia est mignon tout plein, avec sa sous intrigue romantique (deux hommes se déchirent une belle), le visuel est laid. Pour ne pas dire repoussant. Musique grandiloquente lancée à tout bout de champ, reconstitution d’un Barcelone de fin de 19ème quelque peu poussiéreuse, acteurs mono expressifs (le trio Eduardo Noriega, Bárbara Goenaga, Félix Gómez) : l’ensemble ne brille pas par ses qualités esthétiques. Pourtant, Agnosia se laisse regarder sans (grand) déplaisir. Peut-être parce que l’on peut trouver dans ce personnage de jeune princesse coincée dans son château, atteinte d’un mal incurable qui lui confuse les sens (l’agnosie-titre donc), une candeur inhabituelle, une candeur qui, par contraste, fait ressortir toute la cruauté latente de l’œuvre. Parce que si princes et princesse il y a, Eugenio Mira ne sombre jamais pour autant dans la mièvrerie. Toutes griffes dehors, il égratigne l’imagerie naïve mise en place. C’est déjà ça.
Dispo en DVD.