Cette famille est une terre. Les enfants sont des arbres. Ce sont des enfants authentiques, ce sont des arbres authentiques, nés d’une mère « que les passants étrangers à la ville (…) prenaient pour un jardin ». Mais cette terre fut ravagée, saccagée. Pourtant quelque chose tenait debout, la mère morte tenait debout, arrachait les orties après sa mort, en se demandant pourquoi elle ne l’avait pas fait de son vivant. Ce pays est le Liban, un pays où l’on cherche en vain la robe de Dieu parmi les arbres, un pays aux maisons déshabitées. Il y a de la ténacité dans ces mots, de l’obstination dans cette fratrie de « bavardages copieux », de la vie jusque dans la mort de cette mère dont l’image s’impose de poème en poème. Elle qui « portait son chagrin dans sa paume et soufflait dessus ».