Il dresse le portrait d’une jeune femme, Anne, interprétée par Sandrine Kiberlain, qui vit seule dans le silence. Elle n’en sort qu’à de très rares occasions et toujours dans les mêmes circonstances, lorsqu’elle est interpellée. Anne n’a ni mari, ni enfants. Elle habite un appartement dans le vieux Bordeaux et travaille dans ce qui a l’air d’être un restaurant d’entreprise. Rien ne la déporte du rythme au ralenti dans lequel elle semble avoir fait son nid. Pas même les avances du chef cuisinier, joué par Clément Sidony, qui après plusieurs tentatives de séduction l’embrassera de force dans une cage d’escalier pour essayer de la sortir de sa léthargie. C’est l’intrusion d’un oiseau dans son appartement qui va progressivement lui permettre de renouer une relation avec elle même et faire face à ses émotions liées au drame qu’elle a récemment vécu. Yves Caumon explique qu’elle est l’hypothèse de son film : « Certains événements de la vie nous frappent et nous laissent en état de choc sans que nous puissions les prendre en charge. Anne est dans cet état. Elle est au bord de la vie, dans un état de stupeur. C’est son histoire et sa renaissance. » Si les rôles secondaires auraient sans doute mérité d’être un peu plus travaillés, « L’oiseau » demeure un film déroutant et sensuel. La ville, l’eau, celle de la Garonne, ses vieilles rues aux pavés cabossés, ses quais, son pont de pierre, le tramway - plusieurs scènes s’y déroulent - contribuent à l’ambiance romanesque et mystérieuse qui le traverse. La lumière y joue un rôle important tout comme le sens du cadrage, ce qui compose l’image, les couleurs, les plans serrés répétés sur la chevelure de Sandrine Kiberlain ou les vêtements légers qu’elle porte. Le film se risque à peindre un portrait délicat basé sur des sensations plutôt que sur des significations laissant beaucoup d’espace au spectateur pour réfléchir.
Toujours plus de tournages
«L’Oiseau» fait partie de la longue liste des films tournés dans la région ces derniers mois. En ce moment, «Autopsie d’un mariage blanc», un téléfilm pour France 3, se tourne sur l’agglomération et «Un jour mon père viendra», tourné entre Bordeaux et la Dordogne, est à l’affiche dans les cinémas. ça n’est pas une nouveauté : l’Aquitaine est l’une des quatre grandes régions de cinéma en France (avec PACA, Bretagne, Rhône Alpes et Poitou Charentes). Elle le doit à son charme géographique et climatique, certes, mais aussi au fonds de soutien créé par le Conseil régional. La hausse récente de son plafond (le soutien financier au tournage d’un long métrage peut aller jusqu’à 200 000€) a contribué à attirer un nombre croissant d’équipes de films. Bordeaux et ses alentours attirent aussi, on le sait, les séries télé, qui sont également soutenues financièrement par la Région. Si ces aides restent conditionnées à des critères qualitatifs assez sélectifs pour les longs métrages, c’est moins le cas pour les séries. Celles-ci génèrent en effet des retombées plus importantes (environ 15€ de retour pour 1€ investi par la Région, contre seulement 5€ de retombées avec les longs métrages) et font appel à d’avantage de main d’oeuvre locale. Enfin, un nouveau dispositif a aussi été créé pour aider des sociétés de production qui décideraient de s’implanter en Aquitaine. Bref, on n’a pas fini de voir tourner les caméras dans la région bordelaise.• CV et SL