[Management - Monde du travail] Des dirigeants de Sup de Co Amiens jugés pour harcèlement après un suicide

Publié le 23 janvier 2012 par Yes

AMIENS (Somme) – Quatre dirigeants de Sup de Co Amiens et l’association de l’école de commerce comparaîssent de mercredi à vendredi en correctionnelle à Amiens, après deux reports, pour harcèlement moral à l’encontre de plusieurs salariés, après le suicide d’une ancienne directrice.

Les quatre hauts responsables de l’école encourent jusqu’à un an d’emprisonnement et 15.000 euros d’amende, l’association Sup de Co jusqu’à 75.000 euros d’amende.

Le 23 juillet 2009, Mireille Dimpre, une ancienne membre du comité de direction de 48 ans, qui avait mal vécu sa rétrogradation, selon l’accusation, s’était défenestrée depuis son bureau, au deuxième étage du bâtiment principal de cette école de commerce.

Six mois plus tard, le 21 janvier 2010, une assistante pédagogique avait tenté de mettre fin à ses jours en avalant des médicaments à son domicile.

En arrêt maladie depuis le mois de novembre, cette employée avait dénoncé ses conditions de travail dans un courrier retrouvé après sa tentative de suicide. Elle avait fait de même lors d’une seconde tentative, le 19 mars 2010.

Un psychologue avait relevé dans un rapport des “troubles d’effondrement psychique” liés à un “cruel manque de reconnaissance”.

Au total, sept victimes ont été prises en compte dans la procédure. Certains salariés ont vu leur arrêt de travail pour dépression reconnu par l’Assurance maladie comme relevant d’un accident du travail. Selon les cas, les salariés dénoncent une “mise au placard”, “des propos humiliants”, une surcharge de travail ou une pression de la hiérarchie pour les pousser à la démission.

“Ce procès est emblématique d’un système qui malheureusement se répand, et qui consiste, pour les dirigeants, à faire vivre leurs salariés dans la crainte et la terreur, en pensant que cela fera croître les performances de leur entreprise”, résume Me Fiodor Rilov, avocat de la CGT qui s’est constituée partie civile.

Doivent comparaître devant le tribunal correctionnel d’Amiens Jean-Louis Mutte, directeur général de Sup de Co, Isabelle Mathieu, directrice administrative et financière, Georges Pouzot et Roger Davis, respectivement directeur délégué de l’Institut supérieur d’administration et de management (ISAM) et directeur délégué de l’Ecole supérieure de commerce (ESC), deux entités du groupe.

Bernard Désérable, président de la Chambre de commerce et d’industrie et de l’association qui chapeaute le groupe, figure également sur le banc des prévenus.

Me Stefan Squillaci, conseil de M. Mutte, a affirmé que son client “ne comprend pas le sens des poursuites” à son encontre. L’avocat dit avoir l’impression que le suicide a été “instrumentalisé”, soulignant que son client “a été anéanti” par le décès en 2009 de l’ancienne directrice de l’administration et de la communication interne. Il rappelle que sa rétrogradation remontait à 2003.

Le procès avait été reporté une première fois en janvier 2011 pour une irrégularité de forme dans la citation délivrée contre l’association, puis, à sa reprise le 24 mars, en raison d’une question prioritaire de constitutionalité (QPC) relative à la loi sur le harcèlement moral, soulevée par la défense.

En juin 2011, la Cour de cassation a refusé de transmettre cette QPC au conseil constitutionnel, au motif que ce dernier s’était déjà prononcé.

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