1 idee

Publié le 06 mars 2008 par Adelap @adelap10


Créer la surprise

A Tokyo, où rien ne se passe comme ailleurs, si l’on veut profiter des bonnes affaires des soldes,
il ne suffit pas de se lever aux aurores et faire la queue devant les magasins. Il faut aussi se précipiter
sur les Fukubukuros, des pochettes-surprises vendues entre 30 et 300 euros par les grands magasins des
quartiers chics de la ville et dans lesquels ont été glissés un ou plusieurs objets sans préciser ce dont il s’agit.
Si l’acheteur peut toujours soupeser, secouer, palper (voir soutirer des informations auprès des vendeurs…)
pour tenter de deviner ce qui se cache à l'intérieur, le plus sûr moyen de savoir ce qu’il achète reste encore
de passer à la caisse…. Sachant que le contenu d’un sac peut valoir jusqu'à dix fois son prix et qu’il peut
contenir aussi bien des vêtements, des produits de beauté, des appareils photos numériques que des
ordinateurs ou des séjours touristiques.
Alors que, chez nous, la chasse aux bonnes affaires s’institutionnalise (multiplication des comparateurs de
prix, des sites de « ventes privées » ou de « bons plans ») faisant du prix et de la rareté relative des
produits proposés les principaux critères de décision, au Japon, certains consommateurs semblent prêts à
quitter les rives du rationnel dans leurs comportements d’achats pour aborder celles du tout émotionnel.
Avec les Fukubukuros, le shopping prend soudainement une nouvelle dimension où la nature des objets
achetés devient secondaire par rapport à l’excitation qu’il procure. Surprise, fantasme, amusement, pari…
faire ses courses devient comme de jouer au tiercé ou au Loto. Et si nous nous inspirions de l’exemple
japonais en inventant à notre tour un marketing émotionnel ?

Proposer des pochettes-surprises, faire tirer une enveloppe à la caisse pour connaître le taux de discount,
changer ses offres promotionnelles selon le temps qu’il fait ou les événements du moment, offrir un
cadeau mystère…Quelques grammes d’imagination suffisent pour bouleverser les habitudes et parvenir à pimenter ce qui,
par la répétition du quotidien, finit par se transformer en contrainte.
Le kanji* du fukubukuro
* idéogramme d'origine chinoise utilisé dans la langue japonaise 福袋

Les sacs sont vendus qu’une fois par an, le 2 janvier,
et ils sont donc vendus en stock très limité.
texte et source Patrice DUCHEMIN - apacom.systonic
http://www.lejapon.fr/blog/