L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fait savoir qu'elle veut reprendre le lead sur les discussions portant sur les recherches sur le virus de la grippe aviaire H5N1, lancées par le développement de cette souche hautement pathogène et transmissible d'homme à homme. Jusqu'ici débat de biosécurité, plutôt américain, et avant même d'être scientifique, le processus devrait être désormais coordonné par l'Organisation mondiale, alors que dans la revue Nature, les experts, appellent à une discussion plus approfondie des enjeux mondiaux.
Le 30 décembre, l'OMS avait déjà, mais dans un avis partagé entre objectifs scientifiques et risques de pandémie, fait part de ses craintes sur la menace représentée par cette nouvelle souche hautement pathogène du virus aviaire H5N1 et avait précisé les conditions de futures recherches dont, une entente sur le partage de la souche entre institutions des Etats membres.
Certes, le gouvernement américain a proposé récemment, par l'intermédiaire de son agence de sécurité NSABB, aux revues d'omettre des données clés, mais les éditeurs et les scientifiques souhaitent aller vers une solution parallèle qui permette aussi de partager ces avancées scientifiques entre chercheurs habilités.
L'OMS est l'agence habilitée ! Aujourd'hui, le Dr Keiji Fukuda, directeur général adjoint de la sécurité sanitaire et de l'environnement de l'OMS, déclare que l'OMS sera bien l'organisateur des discussions internationales qui devraient aboutir à définir le cadre réglementaire des études sur les virus de la grippe, dont le H5N1. Le Dr. Fukuda a déclaré ainsi à la Presse Canadienne, selon le Center for Infection Disease Research and Policy que l'OMS est l'agence habilitée à s'assurer que les discussions reflètent bien les enjeux techniques, scientifiques, de Santé publique et y compris politiques.
Une dizaine d'experts commentent la suspension des recherches sur le site de Nature. Ils souhaitent une discussion plus globale des enjeux et soutiennent l'OMS dans ce rôle clé. Ron Fouchier lui-même s'étonne que les Etats-Unis puissent ainsi dominer seuls, la discussion. Enfin, les scientifiques rappellent que sont concernés, au premier chef, les Etats-membres touchés par le virus. « Cette question ne doit pas être tranchée par un seul pays, mais par nous tous », écrivent-ils. Le Dr John Steinbruner, directeur du Center for International and Security Studies de l'Université du Maryland soutient également la coordination du processus de décision par un organisme de santé mondiale, idéalement l'OMS. En bref, les chercheurs sollicitent l'OMS.
Enfin, les experts souligne l'importance de ces travaux de recherche, appellent à un renforcement des règles de biosécurité pour les souches hautement transmissibles, et rappellent la nécessité d'un vaccin contre le virus, même si tous les échantillons de laboratoire sont détruits.
Sources: Center for Infection Disease Research and Policy “WHO to lead talks on controversial H5N1 studies”, Nature doi:10.1038/481257a “Preventing pandemics: The fight over flu”, OMS “WHO concerned that new H5N1 influenza research could undermine the 2011 Pandemic Influenza Preparedness Framework”
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