Récemment, une commerciale du magazine Entreprendre pour ne pas le citer me répond comme si c’était une évidence « Je suis chef de projet et je décide de tout : la maquette, la ligne rédactionnelle, les articles, et la pub ». Vaste programme n’est-ce pas… Et surtout vaste fumisterie qui décrédibilise complètement son titre et son rôle. Je l’envoie gentiment balader en lui disant que je ne mange pas de ce pain-là et que cette confusion des genres me met très mal à l’aise. Elle insiste, me dit qu’il faut absolument que l’on soit dans son prochain dossier parce que ce qu’on fait est « vraiment génial ». « Vous avez raison » je lui dis, « c’est d’ailleurs tellement génial que je n’ai pas du tout l’intention de payer pour que l’on parle de mon entreprise. Je suis persuadée que nous avons assez de choses à dire pour intéresser des journalistes sans avoir à payer de la pub ». Et vous savez ce qu’elle me répond : « mais comment voulez-vous que la presse vive si vous réagissez comme ça ! ». Là j’hallucine. J’hésite entre rire et pleurer. Finalement, je me lance dans un speech que je reconnais très moralisateur, j’ai l’impression d’être une vieille pimbêche. Mais quand même, faut pas abuser.
Quand je suis dans mon rôle de communicante qui paie des insertions pub, je me fais remonter les bretelles dès que j’ose imaginer que le directeur commercial pourrait me mettre en contact avec son rédac chef. Et là, tout va bien, on y va franco, on affiche clairement le message et on assume. Franchement, je trouve ça tout simplement honteux. Comme je le disais à ma chère interlocutrice : « Est-ce que la qualité des contenus d’Entreprendre dépend de la qualité de mon portefeuille ? Est-ce que si j’ai plein de choses passionnantes à raconter mais pas un kopek à dépenser vous allez m’ignorer ? Et en revanche, est-ce que si je vous paye grassement, vous allez faire un super joli papier sur les services pourris de mon entreprise ? ».
Je veux bien croire qu’on ne soit là qu’à un petit niveau. Qu’Entreprendre, ce n’est pas les Echos ou l’Express. Mais j’insiste, je trouve cette dérive super grave. Je peux aussi vous dire que plus jamais je n’achèterai ce magazine qui n’en ai finalement pas un. Quel avenir pour la presse si cette dérive s’installe de plus en plus ? Je préfère imaginer, même si c’es triste, que certains magazines vont mourir tout simplement , plutôt qu’ils survivent dans de telles conditions.