Le #Bourget était-il un meeting réussi ?

Publié le 22 janvier 2012 par Variae

Qu’est-ce qu’un meeting réussi ? Vaste question, toujours entachée de la subjectivité de celui qui le vit, qui le raconte. Les militants en seront toujours contents, les adversaires toujours insatisfaits. Alors essayons de dénicher quelques critères, si ce n’est objectifs, du moins factuellement partageables.

 

Un meeting réussi, c’est quand vous prenez le RER, un dimanche matin, dans votre quartier résidentiel habituellement désert à cette heure, à part quelques joggeurs et promeneurs matinaux avec leur chien ; et que vous découvrez, en arrivant au guichet pour acheter votre billet, une petite queue de personnes qui demandent toutes un aller simple pour la même destination – Le Bourget – et qui se regardent avec surprise, puis s’observent avec curiosité et timidité, quand elles entendent le même mot prononcé par leur voisin.

Un meeting réussi, c’est quand, dans le RER, puis le bus qui vous emmènent sur le lieu du rassemblement, vous entendez d’autres personnes qui en parlent, et tout d’un coup vous les abordez, à l’instinct, et la discussion s’engage, avec cette sympathie immédiate et réciproque de ceux qui ont le sentiment instinctif de participer à la même chose, qui va être grande, et dont vous allez vous rappeler. Longtemps.

Un meeting réussi, c’est quand vous constatez, en arrivant, que les organisateurs ont vu trop petit, qu’un flot sans cesse grossissant de jeunes, de vieux, de moins vieux, de moins jeunes, de militants, de curieux, se déverse du RER vers l’entrée du hall du meeting ; qu’à un moment, il faut fermer les portes pour des raisons de sécurité, que l’organisation en vient presque à cafouiller ; que certaines personnes, mues par une brutale déception, tentent de forcer l’entrée du service de presse pour malgré tout pénétrer dans l’enceinte, quand d’autres en viennent aux mains avec le service d’ordre pour tenter une percée par la porte de service cachée du côté des toilettes …

Un meeting réussi, c’est quand le bruit de la foule – les hourras, les cris, les « François Président », les « tous ensemble », toute cette liturgie de meeting – finit par devenir tellement continu, et tellement fort, qu’il couvre des passages entiers du discours du candidat, et que finalement personne ne s’en plaint, et qu’un sourire béat, un peu bête, illumine tous les visages, saisis par l’émotion magnétique du moment.

Un meeting réussi, c’est quand l’installation électrique du coin blogueurs et twittos tombe en panne, sur-sollicitée. Un meeting réussi, c’est quand vous voyez le hashtag utilisé sur Twitter pour en parler (#bourget) passer en première position française, puis mondiale, sur le réseau social.

Un meeting réussi, c’est quand vous vous surprenez à reprendre la Marseillaise qui résonne à la fin dans la salle, reprise par 20 000 voix, comme dans un stade de foot ; et que vous sentez votre gorge se nouer, et qu’à ce moment-là, c’est comme si vous étiez en connexion avec le reste du public.

Si tels sont les indices d’un meeting réussi, alors oui, celui de François Hollande au Bourget entrait dans cette catégorie. En tout subjectivité.

Romain Pigenel