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L’ancien entraîneur-chef des Nittany Lions et légende du football universitaire, Joe Paterno est décédé ce matin en Pennsylvanie. Il était âgé de 85 ans. Déjà en novembre, sa famille avait annoncé qu’il souffrait d’un cancer du poumon, qui semblait alors bénin. Mais des complications sont survenues en début d’année et Paterno était à l’hôpital depuis le 13 janvier.
Les derniers mois de la vie de Paterno viendront à jamais entacher sa légende. Même si son implication dans le scandale Sandusky fut largement exagérée par les médias et qu’il fut sacrifié sans hésitation par les dirigeants de l’université qu’il a mis sur la map, des « trustees » trop heureux de se réfugier derrière un bouc émissaire, n’en demeure pas moins qu’il a commis une faute majeure, impardonnable, surtout pour quelqu’un dont la réputation était bâtie sur l’honneur et l’intégrité. Le coach amène surement quelques secrets pas très glorieux dans sa tombe et toute mention des exploits humains et sportifs de Paterno devra toujours être atténuée par son comportement dans ce scandale. Ce qu’il nous en aura dit est consigné dans sa première, et maintenant dernière, entrevue sur le sujet, accordée au Washington Post en début d’année.
Avant cela, il n’y avait que du positif à raconter sur ce new-yorkais d’origine, vivant simplement à State College depuis des décennies. Il fit d’abord sa marque comme assistant, puis il fut nommé entraîneur-chef en 1966. Les succès vinrent rapidement et de 1967 à 1970, les Nittany Lions, auparavant un programme mineur évoluant dans un petit stade de 40 000 personnes, enchaînèrent une incroyable séquence de 31 matchs sans défaite qui les propulsa parmi les gros programmes de la NCAA. Malgré des saisons parfaites en 1968 et 1969, le championnat national (alors décidé uniquement par des votes et non par une partie comme maintenant) échappa à Paterno. En 1969, le président Nixon fit un intense lobbying pour que le titre soit accordé aux Longhorns de Texas, ce qui nous donna probablement la meilleure citation à vie de Paterno : « I’d like to know how could the president know so little about Watergate in 1973 and so much about college football in 1969? ».
Pour obtenir tout ce succès, JoePa refusait les passes droits. « Win with honor » était son crédo et il y était fidèle, insistant sur le succès académique, l’esprit sportif et le respect des règles de la NCAA. Dans un milieu dominé par des tricheurs et des monstres d’égo, le succès de Paterno était rafraîchissant. Aucun match ne l’illustra plus que le Fiesta Bowl de la saison 1986 face aux puissants Hurricanes de Miami, lesquels prenaient un malin plaisir à se dépeindre comme des hors-la-loi. Paterno et ses Nittany Lions, invaincus eux aussi, mais négligés des parieurs, tenaient le rôle des forces du bien. La défensive dirigée par Jerry Sandusky fut intraitable et Penn State remporta le championnat national, la plus belle victoire de la carrière de Paterno. La rencontre fut regardée par plus de 50 millions d’américains, un record de la NCAA qui tient toujours. Au final, Joe Pa aura remporté 2 titres nationaux et plus de victoires (409) que n’importe quel entraîneur universitaire. Malgré le scandale, celui qui souhaitait avoir fait de Penn State un meilleur endroit grâce à son passage peut reposer en paix en se disant qu’il a atteint cet objectif.