"La voix de la mer est toujours du même temps. Le mouvement périodique des eaux apporte l'histoire aux rivages du temps présent.Marées noires, vagues brunes, sont le visage violent du pouvoir des exploiteurs, comme si ces derniers voulaient recouvrir les guerres, les souffrances des hommes, et celles des ports; Pourtant la mer devrait se contenter de polir; de veiner les rochers...Nous pourrons nous asseoir; chercher; scruter le bonheur, funambule sur la ligne d'horizon."
"La mer est la plus longue route du monde et nous, les marins, nous ouvrons grand les yeux pour n'en rien perdre. "Nous faisons route vers..." : ainsi s'expriment les gens de mer: "Vers" le large ou "vers" la terre des hommes, habillée de quais, là où commence la ville; mais aussi "vers" quelque lieu parfois écarté de toute vie urbaine. en un mot, pour celui qui poursuit le soleil et qui habite la mer, le port peut-être un bonheur et un obstacle."
"En mer, le temps cache un peu les jours ordinaires de la vie citadine; il aggrave l'entrechoc de nos émotions. Venant de la mer, il y a dans notre regard des stéréotypes, des pages de livres déjà lus, enfin une idée préconçue du port, une porte ouverte sur la vie terrienne. On croit découvrir une ville et c'est un port. On pense à un port, c'est seulement une ville. .../..."
Extraits de: "Les fleurs du sel" de Jean-Claude Lamatabois- Empreintes marines Elsa-