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Napalm Death, Utilitarian, thérapie de choc

Publié le 22 janvier 2012 par Laurent Gilot @metalincmag

Napalm Death Utilitarian band photoLe visuel du nouvel opus des anglais laisse entendre que les golden boys de la City pourraient jouer au happy slapping à la sortie des bureaux. La haine du pauvre peut être tenace chez les parvenus… En tout cas, en trente années d’existence et 14 albums, Napalm Death ne débande pas. Le viagra ne passera pas par lui. Mark « Barney » Greenway ne semble pas en avoir besoin pour garder intacte la rage qui anime la formation de Birmingham. C’est au début de l’année 2011 que le groupe a commencé l’écriture de « Utilitarian ». L’enregistrement s’est réparti sur un an au sein des Parlour Studios, à Northamptonshire (Grande-Bretagne), en compagnie du producteur Russ Russell (Dimmu Borgir, Evile, The Exploited, Amorphis). Au final, le résultat est toujours brut de décoffrage (la marque de fabrique grindcore laisse des traces) et parfois assez singulier (écoutez les ambiances entre ciel et terre de l’éprouvant « The Wolf I Feed »). Greenway explique : « La facette noire et plus atmosphérique de Napalm (entendez par là les influences à la Swans, My Bloody Valentine ou Birthday Party) sont de plus en plus audibles même si le tempo n’est pas forcément lent et désespéré. Cela donne une saveur particulière, une dimension unique à notre musique. On espère volontiers que les gens se perdront dans ce « dédale » sonore. » Outre les passages rapides (« Errors In The Signals », « Protection Racket », « Nom de guerre »), les titres mid-tempos sont d’une férocité exceptionnelle (« Fall On Their Swords »). On entend même un saxophone possédé, épileptique sur « Everyday Pox ». En même temps, la production a pas mal évoluée depuis « Scum » (1987). Puis, comme cela a toujours Napalm Death Utilitarian artworkété le cas chez Napalm Death, et comme peut le laisser entendre cette pochette assez cruelle, « Utilitarian » est une féroce charge contre notre société occidentale, un commentaire acide sur la culture et la politique dans nos pays dits civilisés. Tous les sujets urgents y passent, du déclin de notre société (« Everyday Pox ») en passant par le commerce des armes (« Fall On Thier Swords »), l’environnement (« Order Of Magnitude ») et les différents aspects de notre vie quotidienne (« Collision Course », « Think Tank Trials »). « Nous avons une vie où le temps est compté donc on ne doit pas le gâcher. En fin de compte, nous méritons tous le bonheur et la plénitude », rappelle Barney en réponse au titre de cet album (ndlr : Utilitarian = utilitarisme, une doctrine éthique qui prescrit d’agir (ou ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être global de l’ensemble des êtres sensibles). En gros, pensez par vous mêmes, libérez-vous et ne finissez pas par nourrir la machine qui veut vous engloutir.

Dead Zone
Photo : Cindy Frey

Napalm Death, Utilitarian (Century media-EMI)
Sortie le 27 février 2012

Napalm Death, Leper Colony, video audio


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