Demi-finales dans la NFL, ce qui offrira une occasion à Joe Flacco de quitter le rang des underachievers. Ça nous donne aussi l’occasion de tracer le portrait de la carrière de Ray Lewis et de se demander si Eli ne pourrait pas passer devant son frère…
La quête du mal-aimé
Est-ce que Joe Flacco constitue un frein aux aspirations des Ravens? Peut-il se lever lorsque l’enjeu est important? Les sceptiques sont nombreux à l’endroit du quart de Baltimore, y compris dans son propre vestiaire. Flacco serait-il le Pauline Marois de la NFL?
A son arrivée en 2008, Flacco a d’abord amélioré les choses à la position de quart-arrière. Il faut dire qu’il prenait la relève d’un pénible trio formé d’un Steve McNair au bout du rouleau, de Kyle Boller et de Troy Smith. Dès son premier match dans la NFL, Flacco marqua un touché au sol, un fait saillant qui semble se dérouler au ralenti et que les gens de Baltimore n’ont pas revu souvent!
A sa première participation en séries en 2008, il n’a rien cassé, ne complétant que 44 % de ses passes tentées avec 1 TD et 3 interceptions en 3 matchs. Grâce à des jeux comme cette bombe pour le majeur ou cette passe cruciale dans la poussée gagnante en fin de match contre les Titans, les gens voyaient quand même le verre à moitié plein. Après, tout Flacco n’était qu’une recrue et personne dans cette position n’avait remporté ses 2 premiers départs en séries, sur la route de surcroît.
Joe Cool est retourné au grand tournoi hivernal l’hiver suivant, toujours à l’étranger. Malgré la volée servie aux Patriots lors du week end des wildcards, disons que le QB n’avait pas trop brillé : 4/10 pour 34 verges, 1 interception et un QB rating de 10! Lorsqu’il ne fut que marginalement meilleur dans le revers de 20-3 à Indianapolis la semaine suivante, les murmures ont débuté. Le problème est que les Ravens ont une défensive dominante, mais dont plusieurs parties sont vieillissantes, et ils n’ont pas vraiment le luxe d’attendre que leur QB se développe.
Flacco a fait des progrès durant la saison régulière 2010, mais il s’est avéré incapable de vaincre Ben Roethlisberger. Ceci a renvoyé les Ravens sur la route en séries, mais une convaincante victoire de 30-7 à Kansas City en partie grâce à la meilleure prestation de Flacco en séries (2 passes de TD) lui donnait le momentum en vue du duel au Heinz Field la semaine suivante. En première demie, lui et l’attaque des mauves furent sublimes, dominant complètement la défensive de la ville de l’acier. Ça n’allait pas durer. Cette interception et deux fumbles subséquents firent de Joe Flacco un bouc émissaire parfait pour cette autre défaite contre Pittsburgh. Les murmures se transformant en critiques ouvertes sur les habiletés du QB.
Ce dernier s’est rebiffé contre ses détracteurs et il y est allé de plusieurs déclarations à leur endroit, incluant juste avant son match des séries contre les Texans. Clairement, il tente de jouer la carte du « us against the world ». Sauf que pour une partie impressionnante comme celle où il a finalement battu les Steelers à Pittsburgh plus tôt cette saison, il y a eu plusieurs moments non-convaincants, incluant sa prestation contre Houston. Rien pour faire taire les sceptiques, surtout pour une équipe dotée d’un excellent porteur de ballon et d’une défensive constamment dans la top-5 du football.
Flacco sait très bien qu’il ne fermera le clapet de ses détracteurs qu’en menant les siens à la victoire ultime. Si ça arrive, il ne recevra peut être pas tout le crédit qu’il croit mériter, mais il aura au moins un argument de taille pour se défendre. En attendant, j’espère qu’il nous pardonnera de douter encore de lui, mais en 8 matchs éliminatoires, il a compte plus d’interceptions (7) que de passes de touché (6) et n’a complété que 53 % des 211 relais qu’il a tenté pour un QB rating très moyen de 66,2. Rien pour inspirer confiance…
L’âme de la défensive des Ravens
Maintenant âgé de 36 ans, Ray Lewis continue d’être le meneur incontesté d’une des bonnes défensives du football. Rapide portrait d’un des meilleurs joueurs défensifs de l’histoire du football.
Si vous cherchez une autre preuve que le repêchage est une science inexacte, regardez celui de 1996. Trois linebackers (les illustres Kevin Hardy, John Mobley et Reggie Brown qui totalisent une participation au Pro Bowl à eux trois) furent sélectionnés avant que Lewis n’entende son nom au 26e rang. Dans le cas de Brown, il faut dire que sa carrière fut écourtée par cette horrible blessure (allez à 7:20 sur la vidéo) à la colonne vertébrale qui a bien failli le laisser handicapé à vie (en fait, bien failli le tuer est plus juste, il a dû être réanimé par la respiration artificielle sur le terrain).
Toujours est-il que Ray-Ray, de qui on craignait que sa charpente ne résiste pas aux rigueurs de la NFL (il ne mesure que 6 pieds 1 pouce pour un modeste 250 livres!!) n’a pas mis de temps à faire sa marque, étant nommé sur l’équipe des recrues après avoir mené les Ravens pour les plaqués. L’année suivante, en 1997, c’est la NFL au complet qu’il domina avec un astronomique total de 184 plaqués. Il participa à son premier Pro Bowl. En comptant celui à venir, il est rendu à 13 participations à cette classique qu’il n’a raté qu’en 2002 et 2005.
Sur le terrain, Lewis ne ralentit pas, au contraire. Ses instincts et sa poursuite exceptionnelle en font un des joueurs les plus craints du circuit. Hors du terrain, il atteindra le fond du baril le 31 janvier 2000, alors qu’une altercation entre son groupe d’amis et d’autres individus se termine par la mort de 2 de ces derniers. La veste que portait le joueur des Ravens ce soir là n’a jamais été retrouvée. Si elle devait l’être un jour, il y a fort à parier que le # 52 finirait derrière les barreaux. Lewis a témoigné contre ses 2 amis en Cour et a plaidé coupable à une accusation réduite d’obstruction de la justice en échange. Les 2 lascars ont été acquittés, mais le secondeur a conclu des ententes hors-cour avec les familles des 2 victimes pour éviter des poursuites civiles.
Ces événements n’ont semblé avoir aucun impact sur le jeu de Ray Lewis. A l’automne 2000, la défensive des Ravens fut une des meilleures de l’histoire. Moins de 1000 verges concédées au sol, le moins de points accordés de la saison (165) et quatre blanchissages. Lewis mit la main sur son premier sacre de MVP défensif. En séries, il fut tout aussi dominant, incluant au Super Bowl. Ses 15 plaqués et 4 passes déviées furent suffisantes pour le nommer joueur du match, mais il en aurait fallu beaucoup plus pour convaincre les patrons de Walt Disney de s’associer à celui sur qui les soupçons de meurtre continuaient de peser. C’est Trent Dilfer (???, n’y avait-il personne d’autre de disponible?) qui prononça le célèbre « I’m going to Disneyland » devant les caméras après la rencontre.
La décennie 2000 vit Lewis et sa défensive continuer à dominer. En 2003, il remporta son second titre de joueur défensif de l’année. Avec lui pour patrouiller le milieu du terrain, le jeu au sol adverse fut souvent tenu en échec. Entre 1998 et 2001, les Ravens ont limité leurs opposants à moins de 100 verges au sol pendant 51 matchs consécutifs. Les succès passés n’ont jamais entamé le désir de vaincre insatiable de Lewis et il cogne toujours aussi dur. Il a réservé quelques-uns de ses plus violents plaqués à ses ennemis jurés de Pittsburgh, parlez-en à Rashard Mendenhall et Hines Ward.
Dans un des renversements d’image les plus spectaculaires qui soit, Lewis a regagné le respect de la planète NFL au point où l’histoire du meurtre, qui n’est quand même pas banale, semble complètement oubliée. Il est aujourd’hui un des leaders les plus respectés du football, compte maintenant plus de 2 000 plaqués en carrière, et malgré un ralentissement cette année, il demeure un des joueurs les plus craints du circuit. Je n’oserais pas parier qu’on le verra exécuter sa typique danse d’introduction dans 2 semaines au Super Bowl, mais je n’ai aucun doute qu’avec un enjeu aussi grand cet après-midi, le # 52 sera gonflé à bloc et livrera une autre grosse performance pour les Ravens.
Eli ou Peyton??
Avec 24 heures par jour, 7 jours par semaine à remplir avec du contenu de football dans une semaine où il n’y a que 2 rencontres au programme, disons que les participants aux différents shows de chaises du NFL Network ont amplement le temps de lancer des débats. Un de ceux-ci pose une question intéressante, et inimaginable en début d’année : est-ce que Eli est devenu le King Pin dans les frères Manning? Euh… Are you out of your mind??
N’empêche que si le frangin ajoute une deuxième bague du Super Bowl à sa collection, il faudra se poser la question. En séries, Eli est meilleur que Peyton, du moins au niveau de la fiche. Contrairement à Peyton, le plus jeune des Manning semble élever son jeu d’un cran dans ces situations.
En saison régulière, il n’y a pas de débats. Faut dire que Peyton est dans la conversation avec Dan Marino et Brett Favre quand on parle du meilleur bonhomme pour accumuler des verges. Eli concède 5 ans d’âge et 7 ans de carrière à son frère. Après 8 années dans le football, Peyton avait amassé 33 189 verges, 244 touchés et 68 interceptions. Les chiffres de son frère sont marginaux en comparaison (27 579 verges, 185 TD et 129 INT). Sauf qu’à sa huitième année dans la ligue, Peyton n’avait toujours pas de bague.
S’il est trop tôt pour penser sérieusement à ébranler la hiérarchie chez les frères Manning, je dirai cependant ceci. Pour la première fois de ma vie, si on me donnait aujourd’hui le choix entre un des deux frères pour mener ma franchise, je choisirais le plus jeune, indépendamment de l’état de santé du plus vieux. C’est probablement le mieux qu’Eli peut espérer dans les comparaisons avec son frère!
Rapport météo
Aux abonnés absents toute l’année, Dame Nature profitera de sa dernière opportunité de l’année (le Super Bowl sera disputé dans un stade couvert) pour faire une timide apparition à San Francisco. C’est sous forme de pluie qu’elle s’invitera au party entre les Niners et les Giants, ce qui devrait aider les locaux. La prévision parle de 50 % de probabilités d’averses se changeant en pluie continue au fur et à mesure que la soirée tombera. La température sera toutefois confortable, environ 10 degrés avec des vents d’une trentaine de kilomètres heures.
Pour la finale de l’AFC, oubliez les éléments. Le match sera présenté sous le soleil, avec un mercure de -1, -2 degrés Celcius. La possibilité de précipitation n’est que de 10 % et les vents seront négligeables.
Si la météo aura laissé tomber les amateurs de football dans des conditions hivernales, nous sur 6VB s’occuperont bien de vous. Revenez-nous après chaque match pour des résumés complets. En attendant, bon football à tous!