La réponse humaine à la peur serait en effet –et en partie- plus primitive qu'on ne pouvait le penser selon cette petite étude de l'Université d'Exeter (UK) publiée dans l'édition du 16 janvier du Journal of Experimental Psychology, une revue de l'American Psychological Association. Car les humains partagent leur réponse à la peur primitive avec d'autres animaux, en dépit de leur capacité à évaluer consciemment le danger.
Cette petite étude a examiné, sur 52 étudiants âgés de 18 à 35 ans, comment les êtres humains, consciemment et inconsciemment répondent, face au danger, ce danger étant matérialisé, dans l'expérience, par un petit choc électrique, diffusé par des électrodes fixées à l'index des participants, lié à une série d'images.
Les chercheurs constatent qu'après une série de ces petits chocs, les participants évaluent comme plus faible le risque d'un autre choc alors que leur réaction physiologique évaluée par l'activité électrique mesurée dans leur peau, indique qu'ils en redoutent un, mais inconsciemment. L'inverse se révèle également vrai, les participants qui anticipent un nouveau choc ressentent moins de peur. Les chercheurs concluent que nous utilisons le raisonnement conscient pour évaluer le risque de choc, mais que l'activité électrique (conductance) de la peau indique une réponse physiologique, associée au stimulus électrique- inconsciente et similaire à celle trouvée chez les animaux. (La mesure de la conductance de la peau permettant de mesurer la variation de l'activité électrique des glandes sudoripares de la peau et d'évaluer le niveau d'excitation du système nerveux sympathique qui régule la réaction «combat ou fuite» (fight ou flight)).
Quand un être humain ou un animal associe un stimulus (comme des formes de couleur ou un son, ou ici un choc électrique) à une réponse physiologique (comme la peur), cela devient un "réflexe conditionné". On a déjà traité de l'utilisation de ces réflexes et associations dans le cadre du sevrage et du tabagisme. Chez les humains, la réponse est partiellement consciente, mais ici, les chercheurs suggèrent qu'elle peut aussi ne pas être consciente et ressembler davantage à la réponse d'un animal dans la même situation.
Si les auteurs concluent que cette étude pourrait avoir des implications pratiques pour le traitement de troubles tels que la phobie, l'expérience pourra intéresser surtout les psychologues. Car le contexte de chocs électriques dans un laboratoire reste évidemment très différent de ce qui se passe face à des peurs et des phobies dans la vraie vie.
Source: Journal of Experimental Psychology: Animal Behavior Processes, [Advanced online publication] January 16 2012Dissociating expectancy of shock and changes in skin conductance: An investigation of the Perruchet effect using an electrodermal paradigm. (Visuels NHS)
Lire aussi:PSYCHOTHÉRAPIE + PROZAC viennent à bout de la peur -