En Egypte, un jeune aristocrate anglais lord Evandale, et un docteur allemand, Rumphius, découvrent une tombe inviolée grâce à l'aide d'Argyropoulos, un Grec « entrepreneur de fouilles, marchand et fabricant d’antiquités, vendant du neuf au besoin à défaut de vieux ». Depuis plus de 3500 ans, nul n'a foulé le sol des chambres funéraires où repose le sarcophage d'un pharaon. Mais quand s'ouvre le lourd couvercle de basalte noir, les deux hommes trouvent, à leur grande stupéfaction - « Un cri d’admiration jaillit en même temps des lèvres de Rumphius et d’Evandale à la vue de cette merveille » - la momie parfaitement conservée d'une jeune fille d'une magnifique beauté, appelée Tahoser ainsi qu’un papyrus qui prendra trois ans d’études avant d’être déchiffré.
Après ce long prologue, la traduction du papyrus nous révèle l’histoire tragique de la momie, un vrai roman d’amour dans un lointain passé. Tahoser fille d'un grand prêtre d'Egypte, s'éprend d'un Hébreu. Elle est prête à partager la vie du peuple esclave, mais le pharaon la fait enlever et lui offre puissance et richesse. Ou comment l’orpheline d’un grand prêtre deviendra maître de l’Egypte.
Si le cadre du roman est historique, les personnages sont fictifs, mêlés à des évènements comme la traversée de la Mer Rouge par les Hébreux sous la conduite de Moïse. Il est amusant de noter que Théophile Gautier fera paraître ce roman en 1858 alors que ce ne sera qu’en fin d’année 1869 qu’il se rendra en Egypte à l’occasion de l’inauguration du canal de Suez. Toutes ses connaissances sur l’Egypte pharaonique il les doit à ses recherches. Et elles furent nombreuses et pointues, car le roman est lourdement lesté de descriptions d’objets, de vêtements, des travaux quotidiens du peuple etc. avec le vocabulaire spécialisé associé. C’est aussi à mon sens, l’un des points faibles du livre, beaucoup trop de digressions. D’ailleurs, avant d’être un roman, le texte est paru à l’époque en feuilleton dans un journal, sans grand succès auprès des lecteurs. On imagine mal effectivement, ce texte en feuilleton, où rien ne relance vraiment l’intérêt de la lecture.
Au milieu de ce déballage de science érudite, une et même plusieurs histoires d’amour. L’Hébreu qui aime Tahoser, Tahoser qui elle a un béguin sans retour pour Poëri l’intendant des biens de la couronne, et Pharaon qui lorgne sur Tahoser. Et, cerise sur ce gâteau aux fruits de la passion, à plusieurs siècles d’écart, lord Evandale tombera amoureux lui aussi de Tahoser, au point qu’il n’a « jamais voulu se marier, quoiqu’il soit le dernier de sa race. »
Je vais être honnête, je n’ai pas trop aimé ce roman auquel je n’ai pas réussi à m’intéresser.
« Quelle touchante coutume, dit le docteur Rumphius, enthousiasmé à la vue de ces trésors, d’ensevelir avec une jeune femme tout son coquet arsenal de toilette ! car c’est une jeune femme, à coup sûr, qu’enveloppent ces bandes de toile jaunies par le temps et les essences : à côté des Egyptiens, nous sommes vraiment des barbares ; emportés par une vie brutale, nous n’avons plus le sens délicat de la mort. »