Tu Seras mon Fils // De Gilles Legrand. Avec Niels Arestrup, Lorànt Deutsch et Patrick Chesnais.
Dans la bonne tradition française, je ne boude pas mon plaisir à l'idée de voir du bon vin. Tu Seras mon Fils m'avait tapé dans l'oeil quand j'avais vu la bande annonce il y a de ça quelques
temps. A l'occasion de la sortie du film en DVD, je me suis donc penché sur son cas. Et j'ai trouvé le film bien sympathique malgré quelques moments où j'ai senti que l'on tournait un peu en
bourrique le spectateur en lui balançant des scènes à répétition. Mais je ne suis pas contre le traitement du sujet puisque le drame familial est très bien géré et surtout, l'univers viticole est
interprété de maître par un quatuor d'acteurs à la hauteur des espérances. Le soucis c'est que le scénario, gonflé d'opportunité, ne termine pas vraiment son verre, quitte à nous faire gouter un
bon vin avant de nous le retirer sous le nez. Le palais du film est bien senti, avec quelques bonnes scènes trépidantes et surtout un soutien de scènes psychologiquement bien tenues du début à la
fin.
On ne choisit ni ses parents, ni ses enfants ! Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint Emilion a un fils, Martin, qui travaille avec lui sur le domaine familial. Mais
Paul, vigneron exigeant et passionné, ne supporte pas l’idée que son fils puisse un jour lui succéder. Il rêve d’un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes de père
! L’arrivée de Philippe, le fils de son régisseur va bouleverser la vie de la propriété. Paul tombe en fascination devant ce fils idéal. Commence alors une partie d’échec qui se jouera à quatre :
deux pères, deux fils, sous le regard impuissant des femmes qui les entourent. Et au moins l’un d’entre eux n’a plus rien à perdre …
Là où Ridley Scott avait fourni un film américain sans âme viticole mais joli pour son histoire d'amour, ici c'est un film percutant racontant les effluves familiales et leurs dérives. Le
suspense est bien gardé jusqu'au bout, et même si le choix du futur du vignoble est prévisible, on voit très bien que le scénario adopte quelques bonnes histoires pour agrémenter ce bon vin. Ce
film a un petit truc, et ce truc c'est Niels Arestrup. L'acteur incarne un personnage méchant, vicieux et surtout très captivant. C'est clairement le meilleur personnage du film et surtout celui
qui le porte du début à la fin. Son jeu, parfois excessif mais toujours parfaitement en accord avec son personnage, il en devient alors fascinant. Dans une présence plus maigre, Patrick Chesnais
était quant à lui très émouvant et surtout contrebalance les formes pour éviter au film de sombrer dans un genre ou dans l'autre. Il fallait l'équilibrer et l'équilibre est bien trouvé.
Derrière les monstruosités familiales couvées par le scénario, et une réalisation plutôt correcte et intéressante, Tu seras mon Fils nous offre donc une plongée cinglante et parfois même
enivrante dans un monde que l'on ne connait pas forcément dans notre beau pays - surtout que l'on préfère consommer le vin plutôt que de comprendre sa fabrication vous ne pensez pas. Et n'ayant
jamais fait les vendanges je n'ai jamais approché le domaine viticole plus qu'une visite d'un domaine l'été dernier dans la région bordelaise… Et ironie de la chose, ce film se déroule également
dans cette région -. Au final, Tu Seras Mon Fils arrive à être plusieurs choses à la fois mais sûrement touchant et prenant. Deux sentiments que j'ai trouvé juste dans le film. Ce que je trouve
de fascinant dans ce film c'est son sujet avant tout, puis son casting et puis les décors de vignoble (j'ai toujours trouvé ce cadre magnifique).
Note : 6.5/10. En bref, un huit clos familial intéressant et poignant malgré quelques développements ratés de son histoire.