Le Cradle to Cradle ou C2C, plus largement connu aux US d’où il est originaire, fait ses premiers timides sur le marché de l’Hexagone. Mais qu’est-ce que le C2C ? C’est ce qu’à tenté de nous expliquer Christine Guinebretière, directrice de l’EPEA (Agence pour l’Encouragement à la Protection de l’Environnement) qui concourt à l’émancipation du C2C en France. “C2C : ”Fini les déchets, vive les boucles”, retour sur cette conférence qui avait lieu le mercredi 12 janvier à la Gaîté Lyrique.
Origine
Littéralement, cradle to cradle signifie du berceau au berceau, une approche imaginée collectivement pas le duo William McDonough (architecte et styliste industriel américain) et le chimiste allemand Michael Braungart (ancien directeur de la section chimie de Greenpeace). Tous deux, ils inaugurent un nouveau paradigme, dans les années 90, en observant le cycle de la nature qui fonctionne en circuit fermé où tout déchet finit par devenir aliment. Partant de ce constat, dans leur nouveau monde, il serait ainsi possible d’imiter l’équilibre des écosystèmes naturels et de s’y intégrer, il n’y aurait alors plus de déchet mais que des ressources à disposition. Le concept : “no waste” et “waste = food” est né !
Le concept
Dès lors, leur objectif fut de transposer cette philosophie à l’échelle de la création des produits. L’idée derrière ce concept vertueux repose ainsi sur de l’éco-innovation en boucle fermée de la production industrielle, vouée au recyclage à l’infini.
Plutôt que de chercher à réduire la consommation, cette démarche engendre une nouvelle révolution industrielle puisqu’il s’agit de réinventer les processus industriels afin de produire des solutions propres et de créer une industrie où « tout est réutilisé – soit retourné au sol sous forme de ‘nutriments biologiques’ non toxiques, soit retourné à l’industrie sous forme de ‘nutriments techniques’ pouvant être indéfiniment recyclés ». Ainsi un tee-shirt biodégradable est considéré comme un nutriment biologique car compostable en 6 mois, il peut être rendu à la nature. Quand une bouteille de plastique recyclable deviendra nutriment technique pourra la fabrication d’une nouvelle.
Ce qu’il faut retenir
De façon simplifiée, il s’agit de créer des produits respectueux de l’environnement, qui au lieu de finir déchets, redeviendront tôt ou tard matières premières, selon une démarche progressiste (comprendre qui se perfectionnera au fur et à mesure des avancée techniques réalisées). Ce concept repose ainsi sur l’utilisation des matériaux les plus purs, naturels et/ou biodégradables et recyclables possibles dans la conception des produits mais aussi le recourt aux énergies renouvelables.
Exemples de marques
En France, Senseo a conçu la coque en plastique de son modèle noir de machine à café selon ce processus C2C au même titre que Patagonia qui utilise ce process depuis bien longtemps pour bons nombres de ses produits. Aux US, nombreuses marques de cosmétique comme Kiehl’s, Method ou encore Aveda ont pu certifié ainsi certaines de leurs gammes naturelles. A Venlo en Hollande, le site de la future exposition universelle Floriade 2012 a été pensée selon cette approche C2C, pour en savoir plus, c’est ici.
La labélisation
Un processus de certification et d’accompagnement a été mis en place en plusieurs étapes pour répondre aux exigences du C2C. Accompagnement car certaines marques tentent de s’inscrire dans la démarche mais il demeure parfois difficile d’aller jusqu’au bout de la certification. Pour obtenir le label C2C, il faut passer les 4 étapes suivantes :
1. Une équipe de 40 chimistes procèdent à l’analyse des matériaux et font la chasse aux produits toxiques contenus dans les produits,
2. L’utilisation des énergies renouvelables dans les processus de fabrication, quelles qu’elles soient, est un paramètre obligatoire,
3. L’évaluation du taux de réutilisation des matières, de la gestion de l’eau (qualité de l’eau en sortie) et d’un volet social complètent la démarche,
4. Un audit est effectué chaque année afin de pouvoir réactualiser ou non son label.
Il existe différents degrés de certification selon une grille d’exigences, label basique, silver, gold ou platinium.
Pourquoi le C2C est-il si peu présent en France ?
Cette démarche exigeante est difficile à généraliser puisqu’elle implique que les produits ne contiennent que des matières pures, qui sont, dans bien des cas, encore inexistantes dans la palette industrielle de la chimie.
Par exemple, dans l’industrie du collant, aujourd’hui aucune matière propre n’a été trouvée pour se substituer à son homologue synthétique apportant l’aspect brillant. Ainsi les marques ne peuvent se doter du label C2C, se refusant de produire des produits respectueux de l’environnement mais mates qui risquent de ne pas convenir à ses clientes. Il faudrait donc que ces mesdames revoient leurs prétentions à la baisse, il n’y a qu’à croire. Comptons donc plutôt sur les progrès de la chimie verte.
Aussi, les marques sont frileuses quant à la certification de leurs produits qui répondent parfaitement aux caractéristiques du C2C quand la totalité de leurs gammes ne le sont pas, par peur de décrédibiliser ces dernières. Une réticence qui les poussent à verdire davantage leur produit et qui explique pourquoi les marques ayant reçu la labélisation de certains de leurs produits n’en font aujourd’hui pas encore pas un argument de vente.
Souhaitons à cette démarche qu’elle prolifère davantage sur le marché de l’hexagone tant le principe vertueux sur lequel elle repose est porteur de promesses vertes, malheureusement pas assez mures…
En savoir plus, ici.