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Le ḡtravail, grand oublié de 2012 ?

Publié le 21 janvier 2012 par Galuel
Le travail a perdu son sens étroit. Ce sens qui prétend que "tout travail mérite salaire" tout en imposant mécaniquement que seul un "patron" pouvait payer un tel salaire. Ce faisant, perchés sur un troisième étage, certains se réservaient le droit d'émettre ou pas la monnaie nécessaire à cette relation unilatérale maître-esclave, selon que ça leur permettait ou pas de s'assurer une rente sans aucun risque. Mais tout ceci est fini si les Etats eux mêmes n'assurent plus une telle "prise de non-risque".

Et à côté de cet effondrement, que constatons-nous ? Une ḡcroissance phénoménale ! Un ḡtravail colossal accompli depuis 30 ans et rendu visible par la création du projet GNU par Richard Stallmann en 1984. L'essentiel du réseau est en effet soutenu par GNU/Linux, tandis que des auteurs et créateurs en nombre croissant réalisent des logiciels libres, des blogs souvent à l'aide de CMS libres, des livres, des jeux qui n'ont souvent rien à envier aux jeux sous copyright, de magnifiques films, de la musique etc... Jusqu'à réalisation de plans de construction libres de machines industrielles. Il reste encore les semences qui n'ont pas fait l'objet de dépôt sous licence libre, mais apparemment la conscience paysanne commence à s'éveiller sur ce sujet.
Or est-ce que ces créateurs et auteurs de cette ḡcroissance sont considérés dans les discours qui prétendent "protéger les auteurs et les créateurs" ? Aucunement !
Ces discours ne s'adressent qu'aux seuls inscrits des "sociétés de répartition" dans un concept qui sépare arbitrairement ceux qui créent sous copyright et diffusent prohibition et interdits quant au partage de leurs oeuvres et ceux qui créent sous ḡcopyright et qui ne créent aucune obstruction à ce que les produits de leurs créations puisse se partager sans entrave.
Pourquoi alors ce discours ? Parce qu'il est prisonnier des définitions conceptuelles anciennes du travail, ayant nié depuis 40 ans et plus tout l'apport essentiel du ḡtravail et donc la nécessaire évaluation d'un équilibre entre la rémunération des producteurs de la ḡcroissance et de ceux de la croissance.
La ḡproduction n'étant pas limitée à la production d'objets matériels isolés dans l'espace, ou de prestations immatérielles limitées dans le temps, (ex : un logiciel libre peut être diffusé à coût nul, présent partout dans l'espace sur le réseau et est sans limitation de durée quant à son usage), elle échappe à l'ancienne logique réductrice et ne peut s'appréhender que dans une ḡ logique quant à la rémunération de ses producteurs.

Le ḡtravail, grand oublié de 2012 ?

ḡ = "g libre" www.glibre.org (CC by modifié, source wikimedia)

 
Car comme le dit encore et encore Richard Stallman pour se faire bien entendre "libre ne signifie pas gratuit" (une précision d'autant plus nécessaire en anglais où "free" signifie autant "freedom", liberté, que "gratuit").
Et quelle est la racine de cette dichotomie arbitraire ? Une définition privatrice de la monnaie commune, donc un paradoxe fondamental. Parce que cette monnaie est appelée commune, elle sert d'unité de compte pour tous, citoyens, entreprises, Etat, banques, mais parce qu'elle prétend aussi être privée quand elle est émise par les banques privées, portant donc frauduleusement dans ce cas le même nom, elle ne revient pas au pot commun, mais dans le pot privé.
Et cette hérésie logique fait que la schizophrénie atteint un point culminant quand la banque garante de la seule monnaie commune, assure un taux de crédit le plus bas au seul cartel privé, qui ne maintient donc son rôle dominant qu'à ce prix, étant incapable de son propre côté d'assumer une véritable monnaie privée, qui dans aucun cas ne devrait pouvoir porter le nom de la monnaie commune.
Si donc la ḡcroissance produit des biens que l'on peut considérer comme communs, il n'en reste pas moins que tout le ḡtravail depuis 40 ans et plus et jusque dans le futur ne saurait se passer d'une rémunération. Il est profondément immoral, injuste et contre-productif que la croissance s'approprie unilatéralement la ḡcroissance (comme la vente privée d'un smartphone sous Androïd), sans que jamais les créateurs de ces ḡvaleurs, comme ignorés, ne reçoivent quelque compensation que ce soit pour leur apport. Ce faisant, la croissance réduite assèchera la base sur laquelle elle se déploie, la ḡcroissance, dans une spirale autodestructrice.
Le comble serait que, parce qu'ils fait la promotion de la liberté, en refusant de forcer autrui à des contraintes superflues, concernant des valeurs qui peuvent se transmettre librement, on prendrait ce ḡtravail comme étant une ressource gratuite, comme si cette liberté s'était établie sans effort et qu'on puisse ainsi en prendre toute la valeur ajoutée tout en pensant que le mérite n'en reviendrait qu'au dernier bénéficiaire, le vendeur en monnaie privatrice, en oubliant le premier, le ḡcréateur.

Le ḡtravail, grand oublié de 2012 ?

GNU en lévitation (source wikimedia)


Car si l'on accepte l'assertion "tout travail mérite salaire", alors le ḡtravail doit tout autant mériter un salaire correspondant à son apport à cette valeur ajoutée non-locale dans l'espace, non-locale dans le temps, cette valeur ajoutée libre et sans contrainte, qui permette tout autant de "payer ses dettes" que ne le permet le travail au sens ancien du terme. Le ḡtravailleur n'a d'autre patron que sa propre analyse de ce qu'il convient de faire ou ne pas faire, selon qu'il estime librement qu'un besoin ou une aspiration peut avoir une réponse via la création d'une ḡvaleur. La nature de cette ḡvaleur étant de pouvoir être multipliée sans contrainte ni spatiale ni temporelle la question de l'équilibre ne peut pas se poser de la même façon dans la ḡéconomie et la seule économie réductionniste.
Si donc la monnaie telle que définie ne permet pas de remplir ce rôle, alors il est temps de passer à une véritable ḡmonnaie qui permette, elle, la rémunération de tout homme pour ses efforts, que ce soit à titre privé ou commun, qu'il s'agisse généralement de son travail local et limité dans le temps ou de son ḡtravail non-local et non-limité dans le temps.
C'est en cela que le Dividende Universel est bien partie prenante de la rémunération des valeurs libres et non-marchandes, qu'un système monétaire légitime, adopté comme base d'une monnaie réellement commune, ne peut qu'être émetteur d'une ḡmonnaie.

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