Un roman classique, deux films pratiquement sortis en même temps, deux adaptations différentes et somme toute, parfaitement complémentaires.
Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos ont donc donné, à la fin des années 90, deux œuvres cinématographiques magnifiques : Stephen Frears sous le titre « Dangerous liaisons » en 1988 et Milos Forman, en 1989 avec « Valmont ». Nous venons de les revoir à la suite, justement après avoir vu au théâtre la nouvelle version pour la scène de John Malkovich.
Lequel de ces films est le meilleur ? Difficile question à laquelle je suis bien en peine de répondre. Car dans les deux cas, la réalisation est somptueuse, le casting de rêve. Pour le film de Frears, une interprétation parfaite et une direction d’acteurs terriblement efficace, avec John Malkovich, Glen Close, Michelle Pfeiffer et Uma Turman. Des décors (le château de Champs) et des costumes délicieux. Je n’oublierai jamais la scène terrible où Valmont rompt avec Madame de Tourvel en lui répétant « Ce n’est pas ma faute ».Pour Forman, une adaptation moins fidèle au texte de Laclos, mais un scénario plus complexe, avec une conclusion audacieuse. Là aussi les acteurs sont merveilleux : Colin Firth, Annette Bening, Meg Tilly et la toute jeune actrice américaine Fairuza Balk qui n’a que quinze ans à l’époque, sans oublier l’extraordinaire Jeffrey Jones, qui incarne Gercourt, cocu magnifique, et la vieille tante de Valmont, Fabia Drake.Deux films à la gloire du bon goût français porté à son sommet. Mobilier, costumes, dentelles, escrime, façons de parler, art épistolaire bien oublié aujourd’hui, politesse raffinée et souvent à double sens de la haute noblesse, libertinage … tout y est, on n’a jamais fait mieux, on ne fera jamais aussi bien. Cependant on sent bien la contradiction de ce monde hyper-raffiné avec l’imminence d’une rupture sociale. La misère est partout, directement évoquée par l’épisode de la famille de paysans secourus pour la gloire par Valmont dans le film de Frears.Quel film eut-il le plus de succès au box office ? Sans surprise, celui de Stephen Frears qui sortit une année avant celui de Forman, et coûta 14 milllions de dollars alors que Valmont revînt à 33 millions. Un échec commercial donc pour le producteur français Claude Berri, mais à y regarder de près, il reste difficile aujourd'hui de départager les deux réalisateurs sur le plan de l'intrigue et du scénario.
Deux DVD qu'il est bon d'avoir, de voir et revoir dans sa bibliothèque ....