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Quand je me préparais à vivre l’expérience professionnelle haïtienne, je vivais un peu dans ta tête. Je lisais ou je rencontrais des gens pour mieux comprendre ce dans quoi je mettras les pieds, mais l’idée que je me faisais, naïve ou pas, ce que qu’allait être les prochaines années, prenait beaucoup de place. J’imaginais par exemple rencontrer plein de grands humains. Je parle de ces individus qui sont marquants, qui arrivent à porter un regard original et constructif sur ce qui les entoure. Je me disais que tu ne pouvais pas choisir de faire ta carrière en parcourant la planète d’un pays pauvre à l’autre, sans être porteur de certaines convictions en regard du développement ou des rapports internationaux. Par exemple, je me disais que l’infirmière qui avait fait ce choix ne correspondait pas à l’infirmière qui a pris la décision de travailler dans un hôpital près de chez elle. Même bagay pour l’ingénieur, le médecins, … J’étais dans le champs ! Ce choix de carrière se fait comme n’importe quel autre et attire (ou tire) la même proportion de blasés que l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont ou le CÉGEP du Vieux ! Hier, j’ai pris une longue pause (dans une réunion encore plus longue) avec un européen qui venait de débarquer en Haïti depuis deux jours. Deux jours. « Ça fait 25 ans que je fais de l’international partout en Afrique et en Asie et c’est la première fois que je mets les pieds ici. Je peux te confirmer que Port-au-Prince est le deuxième clavaire sur la terre. J’ai vu pire une seule fois dans ma vie. Il n’y a rien dans ce pays et à voir le déroulement de la réunion actuelle, il n’y en aura pas davantage bientôt. En fait, c’est le genre de pays fini. » Fini, c’est exactement ce que je me disais. Fini.