- Actes Sud -
- Roman traduit du norvégien par Hege Roel-Rousson et Pascale Rosier en collaboration avec Anna Marek -
Portraits de femmes, récit d'enfance, ce roman, malgré la personnalité complexe et l'ombre du père omniprésentes, est une histoire de maternité, de filiation et d'initiation bien plus que de paternité.
Les souvenirs des trois soeurs se déroulent au fil des pages et des pensées, plus nostalgiques que mélancoliques, en miroir de la vie adulte. Un récit au féminin sans lyrisme alternant les scènes quotidiennes hivernales à la mémoire estivale; un jeu de contraste entre la liberté sensuelle des étés d'enfance et la réalité des contraintes de ces trentenaires.
Un roman doux-amer, une tendre ironie des portraits, une galerie de personnages et des épisodes subtils, de jolies phrases, des formules perspicaces, une certaine acuité du regard mais les images m'ont paru trop tôt fanées.
Par le rythme et les thèmes de son récit ( mémoire familiale féminine et annonce lancinante du drame en rupture d'enfance ), ce roman m'a rappelé " Le goût des pépins de pomme " de Katharina Hagena dont j'avais tant apprécié l'atmosphère, un rappel confus sans les parfums, les couleurs, la chaleur.
Ce n'est pas tant la lenteur de la narration qui a perdu mon intérêt mais cette impression de gris et de déréliction, une apathie. C'est ce manque d'élan, de tension, d'émotion, de n'avoir pu percevoir une étincelle qui m'a rendue indifférente.
Extraits :
- " Mais ce serait le même visage. Les mêmes yeux, pensa-t-elle, sans arriver à se représenter les yeux de son père. Elle en ignorait même la couleur. Elle n'avait jamais pensé aux yeux de son père comme à des yeux. Les yeux d'Isak c'était son regard, et Erika existait ou n'existait pas dans ce regard. "
- " Il existe une photographie : deux petites soeurs aux longs cheveux blonds qui se serrent la main; formellement, poliment, sérieusement, comme deux dirigeants de leurs pays lilliputiens respectifs. "
- " A l'époque, Laura pensait que sa mère avait un secret, la réponse à mille questions, puis elle se dit qu'on croyait toujours que les mourants avaient un secret. Mais ce désir de sens, de compréhension et de consolation, c'était celui de ceux qui leur survivaient. "
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