Raf Simons.
Guillaume Henry - directeur artistique Carven.
Il faut souligner que la résurrection de la maison Carven était complètement inattendue, autant que son nouveau succès semble aujourd'hui ininterrompu. Le lancement de la ligne homme étant la preuve concrète d'un phénomène qui ne s'arrête pas à la porte des rédactions de mode. Mais alors, pourquoi nous intéresser à cette maison aujourd'hui ? À vrai dire, la question est beaucoup plus large. Le directeur artistique de Carven y est pour beaucoup dans cette histoire : énormément médiatisé et pourtant subtilement timide, le jeune designer semble avoir endossé le statut de sauveur de cette « Belle au bois dormant ». Et si Guillaume Henry avait lancé sa propre marque ? Aurait-il eu le même succès ? Ou est-ce simplement l'association de sa mode avec un nom légendaire qui a boosté cet engouement ? Achetons-nous des vêtements pour ce qu'ils sont ou pour l'étiquette qu'ils portent ? Il est indéniable que monsieur Henry possède un certain talent pour construire une mode nouvelle, fraîche et complètement urbaine. Cependant, si sa technique et sa créativité ne sont pas à mettre en doute, pourquoi avoir choisi Carven pour se lancer ?
Restaurer d’anciennes maisons poussiéreuses est le grand challenge de notre siècle : entre Vionnet qui tente désespérément de refaire surface depuis son rachat par Matteo Marzotto et sa ribambelle de nouveaux directeurs artistiques, ou l'exemple d'autres marques qui vivotent surtout grâce au parfum, telles que Nina Ricci ou Rochas, mais qui restent en place certainement pour l'aura et le prestige qu'elles inspirent. Pourquoi vouloir à tout prix sortir de la poussière des gloires brillantes d'antan ?
Attention, nous saluons le travail de Peter Copping et de Marco Zanini mais malheureusement, ça n'a pas l'air d'être le cas de tout le monde et on a un peu l'impression que c'est la roulette russe à chaque saison : rideau définitivement baissé ou nouvelle nomination à la tête de la création, à chaque fois, tout est possible et malheureusement, on a du mal à suivre une ligne fondatrice. À l'instar de Cacharel qui change de designer comme ils changent de chaussettes. Même s’il reste évident que les héritages laissés par ces marques ne demandent qu'à être réinventés à l'infini, la sur-médiatisation de l'arrivée de nouveaux designers devient lassante et n'arrive même plus à exciter les masses par ce qu'on appelle communément un
buzzCe que l'on sous-entend par-là, c'est pourquoi chercher désespérément à réanimer les momies du passé (au passé prodigieux, certes, mais appartenant au passé quand même) quand nous pourrions miser sur des marques jeunes et à l'avenir prometteur ? Ce papier n'est pas destiné à une énième polémique sur le monde de la mode actuelle mais bien à poser une question, à vous lecteurs : préférez-vous porter des vêtements issus de l'éventuelle re-modernisation d'une marque ancestrale ou vous approprier un parti-pris en jetant votre dévolu sur les futurs grands ? Où est l'emballement pour les "Saint Laurent" de notre époque? On se pose la question parce qu'il est vrai qu'on aime Ricci mais celui qui a été fait par Nina, on aime Rochas mais celui qui a été fait par Marcel, on aime aussi Vionnet mais encore une fois, celui qui a été fait par Madeleine, sans parler du Dior de Christian ou le Chanel de Coco. Du moins, on le préfère largement. MAIS LARGEMENT, vous voyez. Il parlait même de relancer Schiaparelli à une époque pour vous dire... Tout ça est un peu ridicule, non?
Madame Madeleine Vionnet.
Monsieur Marcel Rochas.
Madame Elsa Schiaparelli.
D'ailleurs, le triomphe de Carven ne serait-il pas dû au fait que la griffe d'origine n'avait pas eu autant d'impact que les noms cités ci-dessus ? L'histoire ne serait-elle pas finalement un désavantage dans le processus de
relaunching de certaines marques ? Il y a bien sûr de beaux exemples de réanimation après de longs comas mais aujourd'hui, ne serait-il pas judicieux de tourner la page et d'investir dans le futur ? Notre futur.C'est juste qu'on se demande comment les anciens ont réussi à imposer leurs noms et leurs griffes à l'époque. Peut-être qu'avec votre aide, on arrivera à comprendre et à mieux défendre nos amours, à savoir la jeunesse créative... On se pose la question parce que cela paraît être un enjeu du futur pour lequel il va falloir faire front ensemble … Alors, on attend vos réponses !OH MAIS TIENS! JUSTEMENT ... VOILÀ NOTRE FUTUR: La rédaction s'est interrogé avant de vous harceler de question et vous livre son TOP 5 des petits déjà grands qui deviendront, à coup sûr immense.
4 - DÉVASTÉE: Ophèlie Klère et François Alary aurait pu être des gros gothiques... mais non! Ils ont préféré revisiter le cimetière façon chic humoristique. Avec un traitement obsessionnel du blanc et noir et un délire créatif sur des imprimés à connotation morbide, le duo de chez Dévastée révolutionne une mode qui n'osait plus. Le détail devient alors l'emblème même d'une classe folle mais discrète qui se définit, à la base, par une originalité dans les silhouettes. Grâce à leur maniement impeccable pour donner de la force à leur image de marque, (sans pour autant laisser de coté la qualité) les Dévastée nous ont redonné le goût du noir et grâce à eux, nos placards ont la panse bien pleine depuis qu'ils sont sur le marché.
À vous de checker et de donner vos adresses maintenant!
Bien à vous.