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L’auteur :
Fils d'une famille franco-basque installée à Paris, Jean Anouilh commence des études de droit puis débute une carrière de publicitaire. Mais sa rencontre avec les pièces de Jean Giraudoux sont une révélation : il vivra par et pour le théâtre. Après avoir été secrétaire de Louis Jouvet jusqu'en 1932, il sort une première pièce, 'L' Hermine'. Le succès et la célébrité viennent avec sa deuxième pièce, 'Le Voyageur sans bagage', en 1937. Dès lors, il ne cesse de travailler et de rencontrer le succès auprès du public, malgré des critiques parfois sévères. Il a de plus participé à vingt-deux films, traduit sept pièces de dramaturges étrangers, et mis lui-même en scène onze pièces. Une trentaine de ses pièces ont été montées, notamment par George Pitoëff au théâtre des Mathurins, et interprétées par les plus grands comédiens, français ou étrangers. Ses pièces qu'il a catégorisées (pièces noires, roses, grinçantes, brillantes.. .) donnent une image constante et pessimiste de la nature humaine, rongée par la nostalgie d'une pureté perdue.
L’histoire :
À la fin de la Première Guerre mondiale, Gaston est retrouvé amnésique. Il est recueilli par le directeur d'un hôpital qui l'emploie comme jardinier. Il est cependant réclamé par plusieurs familles, dont la famille Renaud, à laquelle il est confronté. D'un caractère gentil, Gaston découvre avec horreur l'identité qu'on lui attribue : personnage violent et sans scrupule. Il ne se reconnaît pas dans ce portrait de l'enfant et l'adolescent qu'il aurait été. (Source : Evene)
Ce que j’ai aimé :
Cette pièce est une belle reflexion sur l'identité, sur ce qui fonde l'être humain et sa personnalité : est-ce que le passé nous détermine ou peut-on s'en abstraire et devenir un autre, une personne neuve, différente, meilleure sans doute. Peut-on choisir d'être qui l'on veut ? Gaston a la chance de pouvoir choisir entre différentes vies, entre différentes familles, amours... Mais ce choix ne peut se faire que parce que la mémoire lui fait défaut. est-ce à dire que la mémoire est ce qui nous fonde ?
« Des obligations, des haines, des blessures… Qu’est-ce que je croyais donc que c’était, des souvenirs ? » (p. 66)
« Ecoute, Jacques, il faut pourtant que tu renonces à la merveilleuse simplicité de ta vie d’amnésique. Ecoute, Jacques, il faut pourtant que tu t’acceptes. Toute notre vie avec notre belle morale et notre chère liberté, cela consiste en fin de compte à nous accepter tels que nous sommes… Ces dix-sept ans d’asile pendant lesquels tu t’es conservé si pur, c’est la durée exacte d’une adolescence, ta seconde adolescence qui prend fin aujourd’hui. Tu vas redevenir un homme, avec tout ce que cela comporte de taches, de ratures et aussi de joies. Accepte-toi et accepte-moi, Jacques. » (p. 78)
Le voyageur sans bagages appartient au cycle des "pièces noires" d'Anouilh car le choix que Gaston doit faire reste tragique, synonyme de rédemption pour lui, mais d'abandon pour les autres...
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien.
Premières répliques :
« Le salon d’une maison de province très cossue, avec une large vue sur un jardin à la française. Au lever du rideau la scène est vide, puis le maître introduit la duchesse Dupont-Dufort, M Huspar et Gaston.
LE MAITRE D’HOTEL
Qui dois-je annoncer, madame ?
LA DUCHESSE
La duchesse Dupont-Dufort, M Huspar, avoué et Monsieur…
Elle hésite.
Monsieur Gaston.
A Huspar.
Nous sommes bien obligés de lui donner ce nom jusqu’à nouvel ordre. »
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Du même auteur : Antigone de Jean ANOUILH
Le voyageur sans bagages, Jean Anouilh, Editions Gallimard (5 juillet 2007), 217 pages, 6.20 euros