Vous connaissez peut-être Uggie pour l'avoir vu jouer dans le récent film The Artist, ou encore dans Water for Elephants? Uggie, c'est le chien qui joue dans ces deux films... le rôle du chien. Ses prestations lui valent deux nominations comme "Meilleur chien dans un film" aux Golden Collar Awards, qui se dérouleront en février prochain à Hollywood. Ce n'est pas une blague; d'ailleurs, la très sérieuse agence de presse Reuters publie la liste des nominations dans toutes les catégories du gala canin, ainsi que le prix humanitaire qui sera remis pour l'occasion à Charlize Theron.
La chose peut faire sourire, mais l'idée de remettre des prix aux animaux acteurs ne date pas d'hier. Dès 1951, lors d'une cérémonie animée par l'acteur western Ronald Reagan, on remettait les premiers Patsy Awards (pour Picture Animal Top Star of the Year). Au fil des ans, les Patsy allaient récompenser Flipper le dauphin, les chiens Lassie et Rin Tin Tin, Arnold le cochon dans Green Acres (Les arpents verts) ainsi que Francis, une mule parlante, héroïne de 7 films dans les années 50. Quelques-uns des lauréats ont même immortalisé leurs empreintes dans le ciment, à la manière des acteurs célèbres.
À l'origine remis en collaboration avec la American Humane Association (qui est derrière la certification "No Animals Were Harmed" qu'affichent certains films, comme War Horse de Steven Spielberg, par exemple), les Patsy ont fait place, depuis 1986, aux plus sérieux Genesis Awards, et l'American Humane Association remet désormais les Pawscars aux meilleurs films s'étant assurés que les animaux ont été bien traités pendant le tournage. Les Pawscars couvrent tout; on a par exemple reconnu l'excellence de l'effort pour protéger les rats lors du tournage de Shutter Island de Martin Scorsese.
Depuis 10 ans, du côté de la France, on remet également les Palm Dog Awards, en marge du festival de Cannes (où on remet les Palmes D'or). Uggie a justement reçu le Palm Dog de 2011 pour sa prestation dans The Artist, ce qui serait un bon indice qu'il part favori pour le Golden Collar à Hollywood en février.
Évidemment, on est loin d'une catégorie animale aux très sérieux et très traditionnels Oscars. Pourtant, c'est aux Oscars qu'auraient pu être remis le premier prix d'interprétation à un animal, car dès la première cérémonie des Oscars, en 1929, on dit que l'acteur ayant reçu le plus grand nombre de vote dans la catégorie Meilleur acteur... avait été Rin Tin Tin le chien. Évidemment, comme l'Académie tentait d'établir le sérieux des Oscars, on aurait éliminé ces bulletins et remis la statuette à l'acteur Emil Jannings. Dans une récente biographie du célèbre chien, publiée par Susan Orlean, l'auteur invite l'Académie à reconnaître sa bévue et remettre à Rin Tin Tin un Oscar posthume.
On peut se demander où on va s'arrêter si on remet des Oscars aux animaux acteurs, mais c'est oublier le vent de sympathie qu'avait obtenu Wilson, le ballon de volleyball perdu sur une île déserte en compagnie de Tom Hanks dans Castaway en 2000. Il existe d'ailleurs une page Facebook demandant la remise d'un Oscar posthume à Wilson.
Même si je suivrai de près les Oscars en février prochain, je ne pense pas suivre avec autant d'intérêt les Golden Collar. Toutefois, j'irai peut-être jeter un oeil aux résultats, puisque Uggie est en lice contre Cosmo, qui était excellent dans le rôle d'Arthur, dans le très bon film Beginners.
Sinon, avez-vous des souvenirs particulièrement marquant d'animaux à l'écran?
Pour ma part, j'ai encore un faible pour London, le chien qui jouait dans une des séries télé préférées de ma jeunesse, intitulée... Le Vagabond *.
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* Titre original: The Littlest Hobo.