Seulement voilà, quelques mois auparavant, en novembre 2011, une salve d’articles et de commentaires basés sur des données de l’Insee affirmait que les français travaillaient plus que les allemands. Données de l’Insee elles mêmes basées sur les chiffres d’Eurostat. Vous l’aurez deviné, la gauche en a profité pour défendre bec et ongles le principe des 35 heures, argumentant qu’on les avait déjà tuées et qu’elles ne pouvaient donc être responsable de la piètre situation de notre économie nationale. Parallèlement, la droite a dénoncé la méthode employée.
Qui croire ? Que penser ? Qui peut bien avoir raison ? Une seule certitude demeure, les méthodes employées par les deux organismes sont aussi peu rigoureuses et impartiales l’une que l’autre.
En effet, si Eurostat cherche courageusement à harmoniser les méthodes des organismes nationaux, les contextes et les réalités des enquêtes restent difficilement comparables, et le temps réel travaillé demeure une notion très difficilement mesurable. La durée légale, les heures sup, les heures travaillées et non payées, les heures payées et non travaillées, le temps partiel, les heures de pause, de déjeuner, les arrêts maladie, le travail non déclaré etc. le tout remixé à travers les méthodes, les outils, les cultures et les conjonctures de chaque pays rendent impossible la comparaison de ces valeurs à l’échelle européenne, qu’elles soient brutes où pondérées.
En termes plus mathématiques, on ne s’intéresse plus à la valeur (le temps de travail annuel), mais à sa dérivée (l’évolution du temps de travail annuel) voire à sa dérivée seconde (l’évolution de l’évolution du temps de travail). C’est évidemment moins communicatif qu’un chiffre brut lancé dans la nature (les dérivées secondes font rarement le « buzz » sur Twitter et ne sont jamais invitées chez Ruquier), mais ça rend la comparaison internationale substantiellement plus honnête étant données les incertitudes de la méthode.
Mais est-il pertinent de s’étriper uniquement sur le temps de travail pour juger de la compétitivité d’une nation par rapport à une autre ? Ces quelques données sur les variations (et oui toujours elles) du coût horaire du travail, intimement lié aux 35 heures et au temps de travail annuel (pour les curieux, on y observe l’ampleur de la crise grecque notamment) peuvent apporter de partiels éléments de réponse.
Baptiste