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Temps de travail : comparaison n’est pas raison

Publié le 20 janvier 2012 par Pierre

Temps de travail : comparaison n’est pas raisonL’organisme d’études COE Rexecode a publié mardi dernier les résultats d’une étude présentant le temps de travail réel par salarié à temps plein des pays de l’Union Européenne. Il apparaît que les français travaillent moins que les autres. Cette étude est déclarée « inédite » car basée sur des données Eurostat permettant la comparaison entre pays. Evidemment, la droite n’a pas laissé passer l’occasion de taper sur les 35 heures, et la gauche de dénoncer l’attitude partiale de COE Rexecode, proche du patronat.

Seulement voilà, quelques mois auparavant, en novembre 2011, une salve d’articles et de commentaires basés sur des données de l’Insee affirmait que les français travaillaient plus que les allemands. Données de l’Insee elles mêmes basées sur les chiffres d’Eurostat. Vous l’aurez deviné, la gauche en a profité pour défendre bec et ongles le principe des 35 heures, argumentant qu’on les avait déjà tuées et qu’elles ne pouvaient donc être responsable de la piètre situation de notre économie nationale. Parallèlement, la droite a dénoncé la méthode employée.

Qui croire ? Que penser ? Qui peut bien avoir raison ? Une seule certitude demeure, les méthodes employées par les deux organismes sont aussi peu rigoureuses et impartiales l’une que l’autre.

En effet, si Eurostat cherche courageusement à harmoniser les méthodes des organismes nationaux, les contextes et les réalités des enquêtes restent difficilement comparables, et le temps réel travaillé demeure une notion très difficilement mesurable. La durée légale, les heures sup, les heures travaillées et non payées, les heures payées et non travaillées, le temps partiel, les heures de pause, de déjeuner, les arrêts maladie, le travail non déclaré etc. le tout remixé à travers les méthodes, les outils, les cultures et les conjonctures de chaque pays rendent impossible la comparaison de ces valeurs à l’échelle européenne, qu’elles soient brutes où pondérées.

Temps de travail : comparaison n’est pas raison
Mais pourquoi diantre Eurostat s’évertue-t’il à harmoniser des données a priori impropres à la comparaison ? Parce que ces données ont un sens lorsqu’on considère leur évolution dans un temps court au sein de chaque pays. Il est en effet permis d’espérer que les méthodes propres à chaque organisme national soient relativement pérennes d’une année sur l’autre, du moins suffisamment pour qu’une comparaison ait du sens. Voici à titre d’exemple quelques données présentées sous forme brutes, mais également sous forme de variations :

En termes plus mathématiques, on ne s’intéresse plus à la valeur (le temps de travail annuel), mais à sa dérivée (l’évolution du temps de travail annuel) voire à sa dérivée seconde (l’évolution de l’évolution du temps de travail). C’est évidemment moins communicatif qu’un chiffre brut lancé dans la nature (les dérivées secondes font rarement le « buzz » sur Twitter et ne sont jamais invitées chez Ruquier), mais ça rend la comparaison internationale substantiellement plus honnête étant données les incertitudes de la méthode.

Mais est-il pertinent de s’étriper uniquement sur le temps de travail pour juger de la compétitivité d’une nation par rapport à une autre ? Ces quelques données sur les variations (et oui toujours elles) du coût horaire du travail, intimement lié aux 35 heures et au temps de travail annuel (pour les curieux, on y observe l’ampleur de la crise grecque notamment) peuvent apporter de partiels éléments de réponse.

Baptiste


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