Je vous rassure : ce ne sera pas du Stendhal, quand bien même il eût pris un malin plaisir à raconter cette soirée d'hier, au Palazzo Caccia où les jeunes chanteurs de la Chapelle Sixtine, cornakés par 4 solides cardinaux au premier rang, nous ont simplement régalé "a capella" d'oeuvres diverses du XVIIème et XVIIIème.
La noblesse italienne avait là de solides représentants, pratiquant avec une simplicité légendaire le baise-main furtif, le baise-anneau des Excellences (non, non : on ne dit pas Sérénissime pour un cardinal) et avec l'élégance de me parler dans un français de qualité alors même que je bredouillais un italien de cuisine lamentable.
Ces palais romains sont vraiment des architectures à goûter. Il y a là un je ne sais quoi d'abandon devant les coûts monstrueux que ne peuvent plus supporter ni les propriétaires ni les institutions officielles de sauvegarde, et Rome, vu dans le contexte qui fut le mien, donne une triste impression de fin d'une époque. Imaginez simplement un hectare de toitures à refaire : un des soucis de mon hôte romain, par ailleurs propriétaire d'un cru légendaire : le San Leonardo.
Des couloirs de plus de 100 mètres, des toiles sans âge, des meubles à mémoireDes cours intérieures, des passages secrets vers le Château St Ange, des rêves, des imaginairesA la fois territoire de Visconti et Fellini et ce silence étourdissant où l'histoire bruit dans un lamento corellien … des salons de ce calibre, on ne les compte plus ! … et à 2 minutes à pied :"Le" bistrot à vin de Rome : difficile d'y trouver un mauvais vin ! Un passage quasi obligé pour tout producteur sérieux.
Caviste en même temps, avec un débit, je ne vous dis pas ! Et une sélection tip-top de vins français dont des Rayas et Claude Dugat : c'est dire ! … et à 5 minutes à fouler les noirs pavés romains, dont les ondulations fantasques vous torturent les suspensions des voitures, les chevilles de vos gambettes et les talons des dames, on tombe sur une maison classieuse et simplissime à souhait :
Une belle adresse romaine pour un déjeuner "poisson" : laissez faire le patron, ce sera simplement remarquable ! Le critère absolu : strictement aucune odeur, ce qui veut dire : confiance totale! Le patron, mon hôte, le Marquis Guerrieri Gonzaga et Monsieur Cernilli qui fut l'homme du vin du Gambero Rosso
Vin parfait à moins de € 10 pour l'apéritif Deux pinots noirs italiens, avec une très nette préférence pour celui de gauche Quelques tables dans la cave, comme à la Bottega del Vino de Severino à Vérone Le choc du jour, une tradition lombarde : quand on vous sert le café (double), ajoutez y un beau demi-déci du vin rouge qui vous fut servi. N'oubliez pas une pincée de sucre, et vous voilà "lombard" (j'ai pas dit banquier) pour la journée. Très surprenant, mais pas mal du tout ! Demain, départ pour une vaste propriété, Castello del Terriccio dont le Lupicaïa est le flagship mondialement connu des amateurs. On vous dira tout !