Magazine

Claire Tabouret, l’île

Publié le 19 janvier 2012 par Lironjeremy

Claire Tabouret, l’île On revient toujours à la grande solitude des images. Ou est-ce peut-être que, les images nous parvenant forcément depuis une forme arrêtée, échappée, silencieuse, nous renvoient insidieusement à notre propre solitude ? On en est là, croisant des morceaux ramant dans l’épaisseur de la nuit, émergeant du tumulte, nous percutant net. Claire Tabouret parle à ce sujet de « visions » : des indices ténus comme ceux auxquels les croyants raccrochent leur foi et à la faveur desquels ils s’embarquent bientôt tout entier. Et peut-être qu’image ne signifie rien d’autre que ce caractère percutant d’un détail dégagé du tout, qui se dresse. Comme une terre à laquelle raccrocher dans l’immensité de nos dérives : On s’accroche aux images comme elles nous accrochent, comme elles s’accrochent en nous. Ainsi peut-on nommer l’île : ce morceau dur échappé à la coulée du monde et sur lequel on échoue. Qui échoue en nous, loge sa nuit dans la notre. On aurait tous dans nos ventres ces papiers enfouis, images conscientes et inconscientes, mutiques ou bavardes, refoulées. Images qui travaillent. Squames du monde échoués au dedans. Les peintures de claire Tabouret ont ce quelque chose de crépusculaire qui les renvoit à notre intériorité ou plus exactement à la zone floue où intérieur et extérieur se confondent. C’est en cela qu’elles sont romantiques. Les paysages sont un état d’âme, les ciels chargés, quartiers inondés,  lumières bleues sur la ville, les cataractes sourdes portent quelque chose d’intime, comme ces spectateurs contemplatifs chez Friedrich font pénétrer en eux l’immensité sublime et terrifiante. Des images s’accrochant, avec notre culpabilité aussi sans doute, notre trouble vis à vis de ce qui se passe, se déploient dans des formats monumentaux dans lesquels on est pris ou réduisent inversement à proportion d’un détail : c’est un mouvement là encore, d’un extrême à l’autre. Peindre ces images serait questionner ce qui en elles nous parvient. Ce qui, par elles, se raconte en nous du monde. Claire Tabouret, l'île, galerie Isabelle Gounod jusqu'au 18 février 2012. Image : île de la jeunesse, 2009.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lironjeremy 836 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte