Sos flemmards

Publié le 19 janvier 2012 par Lorraine De Chezlo
de Sandra Ganneval
Roman - 330 pages
Autoédition - mai 2011
Joseph et Martial sont deux amis d'enfance trentenaires, et partagent un appartement en colocation. Recherche d'emploi, queue à l'ANPE, débuts en tant que conseiller de l'autre côté de la barrière, relations plus ou moins suivies avec la gente féminine, rapports familiaux, découverte des mails frauduleux d'appels à la participation d'héritages africains... Ils se démènent dans une France en crise qui ne leur réserve pas forcément la meilleure place, et ne perdent jamais humour et énergie.
Passons outre la couverture peu attirante avec cette photo désuète. Passons outre également les défauts de mise en page (pagination au bas de pages vierges, défauts de tabulation, texte situé trop prêt de la reliure que l'on doit aplatir pour lire plus agréablement ...), les rares fautes d'orthographe et les tournures un peu bancales. On a alors l'oeil bienveillant face à une auto édition. Et l'on peut se laisser attendrir par l'histoire de ces deux adolescents attardés face à leurs déboires quotidiens et leur humour potache.
Extrait :"C’était ça, le hic : des projets, des envies, il n’en n’avait pas. Il ne se souvenait même pas d’en avoir eu un jour. Il fit des études de droit parce que Joseph avait décidé de faire des études de droit. Cela n’avait pas été une réussite, et l’année suivante, il avait préféré liquider son service militaire. Son idéal était la tranquillité, et dans un boulot sans évolution, il pensait pouvoir la trouver. Joseph jugeait cette conception d’un parcours professionnel insupportable. Il avait sa propre liste de « il faut » : s’épanouir et se réaliser dans son travail, être autonome, avoir des responsabilités, gagner beaucoup d’argent, être reconnu, lutter contre la discrimination dont nous les Noirs sommes victimes dans ce pays… - Tu me désespères ! - Allez vieux, disait Martial, le nègre sans ambition et qui gagne mal sa vie, mais la gagne quand même, t’invite à bouffer. - Bon, j’accepte… parce que la chair est faible… "
Ils sont métis ou noirs, ils sont jeunes mais pas tant que ça, ils galèrent dans des métiers qui n'étaient pas forcément leur ambition, mais qu'à cela ne tienne, la vie est ailleurs. Et d'ailleurs, le boulot ils sont loin d'en redemander, préférant s'intéresser à la gente masculine ou simplement passer de bons moments ensembles à s'invectiver, à échanger sur leurs conditions et leurs caractères respectifs, à se réconforter un peu, à se chambrer beaucoup. Leur nonchalance, leur réactions juvéniles, leur crainte non feinte de savoir qu'ils sont à un tournant de leur vie, voulant retarder inconsciemment leur saut dans la vie "adulte", tous ces aspects sont décrits avec une familiarité qui les rend réalistes. Beaucoup de dialogues pour rendre vivant un texte plein de fraîcheur. Loin du roman social qui signerait une analyse approfondie de la situation actuelle de la jeunesse, SOS flemmards est plutôt un livre léger et sympathique à lire pour passer un agréable moment avec deux compères à la frontière de la maturité qui peuvent nous rappeler d'anciens potes. Et sourire un peu. ____ [merci à Sandra Ganneval]
Le blog de l'auteure - SOS FlemmardsL'avis de Sylvie L-T - Encres vagabondes