On le sent bien, la campagne de Hollande patine. Les journalistes et l'opposition mettent l'accent sur le flou de ses propositions, mais c'est probablement de bonne tactique (qu'aurait-on dit s'il avait présenté son programme économique deux jours avant la perte du triple A?). Non, ce qui donne cette impression de flottement c'est qu'il ne suscite pas, à l'inverse de Ségolène Royal en 2007, d'enthousiasme. Il ne crée pas ce mouvement qui donne envie de se battre pour lui. Il est bon orateur (excellent même), il a réussi à mettre le PS au pas malgré quelques incidents ici ou là, mais il ne passionne pas. Il y a chez lui quelque chose de ces diesels qui roulent bien et ne coûtent pas cher mais ronronnent et ennuient les amateurs de belles voitures.
Cela tient sans doute à sa personnalité et à son positionnement : un président normal n'excite pas vraiment les foules. A l'inverse de Ségolène Royal, de Nicolas Sarkozy, de Jean-Luc Mélenchon ou, bien sûr, de Marine Le Pen, il ne clive pas. Si personne n'est tombé amoureux de lui, personne non plus ne le déteste. En ce sens, il rappelle le Chirac de la dernière période. Est-ce un handicap ? Cela ne l'aide sans doute pas à enrayer sa longue glissade dans les sondages mais il bénéficie de la prime de celui qui a le plus de chance de l'emporter à gauche. Et les sondages le suggèrent, ce pourrait être un atout pour le second tour face à Sarkozy. Encore faut-il y arriver. Mais, ne serait-ce que pour nous donner un peu plus l'envie de le défendre, il aurait intérêt à trouver quelque additif à mélanger à son carburant.