Le nombre d'avortements dans le monde ne diminue plus, l'adhésion à la contraception ne progresse plus non plus. Après une période de diminution considérable des avortements, le taux d'avortement mondial est au point mort, depuis plus de 5 ans, conclut cette grande étude conjointement menée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Guttmacher Institute. A ces conclusions, publiées dans l'édition en ligne du 19 janvier du Lancet, s'ajoute la proportion effarante des avortements clandestins ou non médicalisés, soit près d'un avortement sur 2. Et l'avortement clandestin, c'est 13% des décès maternels dans le monde.
Alors qu'entre 1995 et 2003, le nombre global d'avortements parmi les femmes en âge de procréer était tombé de 35 à 29/1000, le taux d'avortement mondial reste inchangé, à 28/1000, en 2008. Dans le même temps, l'adoption de la contraception marque un ralentissement, particulièrement marqué dans les pays en développement. (Cliquer sur la carte)
Les chercheurs constatent par ailleurs que près de la moitié des avortements pratiqués dans le monde le sont dans des conditions non médicalisées donc clandestines et que presque toutes ces procédures non médicalisées ont lieu dans les pays en développement. Ainsi, dans ces pays, le taux d'avortement est stable à 29/1.000 depuis 2003 alors que dans les pays industrialisés, le taux est réduit à 17/1.000 en 2008, mais également stable ces dernières années.L'auteur principal, Gilda Sedgh, chercheuse au Guttmacher Institute, résume: «La tendance à la baisse de l'avortement observée à l'échelle mondiale est au point mort », un palier qui coïncide avec un ralentissement de l'adoption de la contraception.
L'avortement clandestin, c'est 13% des décès maternels dans le monde : D'après les analyses de l'OMS, les complications imputables à l'avortement non médicalisé représentent 13% des décès maternels en 2008. Cette mortalité se situe presque entièrement dans les pays en développement. Elle est 350 fois le taux associé à l'IVG légale aux États-Unis (0,6 pour cent mille). L'avortement non médicalisé a bien évidemment aussi des conséquences sur la santé et entraîne 8,5 millions de complications suffisamment graves pour nécessiter des soins.
L'Afrique représente la moitié de la mortalité imputable à l'avortement non médicalisé. Les femmes africaines –et les femmes les plus pauvres- ont le plus difficilement accès aux services de planification familiale, aux soins après avortement et sont donc les plus vulnérables. Les auteurs soulignent le rôle des législations, ainsi, La sous-région d'Afrique australe, où près de 90% des femmes bénéficient de la législation libérale de l'Afrique du Sud, présente le taux d'IVG le plus faible d'Afrique (15/1.000).
L'Europe de l'Est est une sorte d'enclave, très touchée par l'avortement clandestin, en raison de son manque d'accès à la contraception, avec un taux d'avortement près de 4 fois celui de l'Europe de l'Ouest.
Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet commente : «Cette étude établit clairement que si une femme est résolue à éviter une naissance, elle aura recours à l'avortement non médicalisé s'il s'agit là de sa seule option, quoi qu'en dise la loi. Tant que l'avortement non médicalisé ne sera pas reconnu tel un problème de santé publique en mal d'attention urgente, les femmes, les familles et les communautés continueront à souffrir de ses conséquences, y compris la mort et la maladie.»
Sauf investissement accru dans des services de planification familiale de qualité, on peut donc s'attendre à ce que la tendance persiste.
Sources: Guttmacher Institute «New study finds long-term worldwide decline in abortions has stalled » -The Lancet Published online January, 19th, 2012 DOI:10.1016/S0140‐6736(11)61786‐8 « Induced abortion: incidence and trends worldwidefrom 1995 to 2008 » et, sur le site du Lancet « Induced abortion: incidence and trends worldwide from 1995 to 2008”
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