L’UICN, Union Internationale pour la Conservation de la Nature, publie depuis plus de 40 ans une liste rouge sur les espèces animales et végétales en danger. Ainsi, durant l’année 2011 près de 60’000 espèces ont été évaluées. En partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle et Natureparif, le comité français de l’UICN a publié le mois dernier la liste rouge régionale de la flore vasculaire d’Ile-de-France. Bilan : une plante sur quatre est menacée.
- Qu’est ce que la liste rouge ?
Grâce à l’information provenant des études et rapports du Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien (CBNBP) au sein du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, la liste rouge de la flore vasculaire d’Ile-de-France a vu le jour en décembre dernier. Cette liste permet de déterminer quelles espèces de la région sont menacées et à quel degré, dans un souci de préservation de la biodiversité en France.
Les plantes vasculaires sont au cœur de ce nouveau rapport. Elles sont caractérisées par la présence de racines et de vaisseaux, c’est-à-dire presque toutes les plantes terrestres et aquatiques.
La liste rouge comporte neuf catégories, allant des espèces non-menacées jusqu’à celles déjà éteintes sur la planète. L’analyse utilise 5 critères mettant en évidence ou non un déclin marqué et continu de la population étudiée: réduction de la population, répartition géographique, taille de la population, population très restreinte, et probabilité d’extinction.
- Les conséquences des activités humaines
L’Ile-de-France est composée à 50% de terres agricoles, à 23% de forêt et à 21% par les villes. Les milieux ruraux occupent près de 4% tandis que les surfaces aquatiques couvrent un peu plus de 1%. Un quart de la flore française métropolitaine se trouve en Ile-de-France. Pourtant, entre 1982 et 2008, 4% de ce territoire a été transformé en milieu urbain.
Certaines plantes dites cosmopolites s’adaptent très bien à différentes conditions écologiques et peuvent coloniser de grands territoires, tandis que d’autres ne peuvent survivre que dans certains milieux aux caractéristiques bien particulières. Ces dernières sont donc les plus affectées par les transformations liées aux activités humaines.
Ces modifications réalisées par l’Homme perturbent les milieux naturels des espèces animales et végétales, notamment en fragmentant ces espaces de vie et coupant les corridors écologiques. L’urbanisation rend plus difficile la sauvegarde de la biodiversité sur les territoires massivement peuplés, puisque les constructions de bâtiments, de routes, couplées avec l’asphalte et le béton sur les sols et même en sous-sol empêchent les espèces les plus fragiles de survivre. Les pratiques agricoles ont également des effets néfastes sur la biodiversité avec l’utilisation massive d’herbicide.
Ainsi, 26% des espèces d’Ile-de-France se retrouvent menacées (400 des 1537 espèces sauvages analysées), et 8% encourent un risque majeure d’extinction dans les années à venir. Enfin depuis trois siècles, le nombre de plantes indigènes (c’est-à-dire, par convention, présentes sur le territoire avant 1492) a diminué de 6%, ce qui laisse craindre une diminution de la pérennité de la faune.
- Quelles solutions pour la préservation de la biodiversité ?
Le Grenelle de l’Environnement avait déjà pris des mesures pour la sauvegarde de la diversité naturelle des organismes vivants, qui se sont concrétisées avec le concept de la Trame Verte et Bleue (TVB), un des engagements pour la biodiversité dans la loi Grenelle II. L’idée est d’assurer la continuité des milieux écologiques, en évitant notamment en ville de fragmenter les espaces naturels, ce qui nuirait à la survie des espèces animale et végétale. En créant un réseau d’espaces naturels, les êtres vivants pourront se nourrir, se déplacer, se reproduire, et s’alimenter.
Les zones vertes doivent également être protégées de l’étalement urbain en développant les espaces protégés. Pour le moment, la Stratégie de Création d’Aires Protégées (SCAP) qui résulte du Grenelle de l’Environnement n’a mis en place de réserves protégées que sur 0.51% du territoire régional, et peu d’espèces menacées y sont présentes.
Enfin, les milieux naturels doivent être pris en compte dans l’aménagement du territoire, notamment en limitant leur disparition par l’optimisation de l’espace urbain. Les collectivités, à travers les activités des architectes et constructeurs, sont donc responsables aujourd’hui et demain de la vie commune entre les citadins et les autres espèces animales et végétales.
- Avis Sequovia
Le développement des activités de l’Homme a pendant longtemps été accompagné par la destruction des habitats naturels. Ce n’est que récemment que la sauvegarde de la biodiversité est devenue une priorité pour les gouvernements de certains pays. Cependant, les engagements tardent à être concrétisés par une prise d’action forte et réelle.
Par exemple la forêt amazonienne, un des poumons de la planète, est constamment mise en péril par les industriels et agriculteurs, récoltant le bois et remplaçant les terrains déboisés par des terres agricoles. La population de la région est d’ailleurs passée de 6 à 25 millions d’habitants en un demi-siècle. La biodiversité y est donc très fortement affectée, alors que l’Amazonie représente en taille plus de la moitié des forêts tropicales du monde.