Toumani ne mourra pas. Il sera sauvé par Iman, autre garçon abandonné, qui le ramènera doucement à la vie et deviendra son meilleur ami, son phare.
-Et ton ami, comment va-t-il?
Alors mes yeux se troublent. Ami? Ils se trompent, Iman et moi n’étions pas “amis”. Qu’étions-nous donc? J’interroge l’horizon. Je ne sais pas ce qui nous étions. Je le connais depuis si longtemps que c’est une question que je ne me pose plus. J’ignore quel âge j’avais quand j’ai rencontré Iman. J’ignore quel âge j’ai aujourd’hui. Il n’y a de preuve de ma naissance sur aucun document, et toutes les personnes qui auraient été présentes ce jour-là ont disparu de ma vie. J’aurais très bien pu ne pas exister. C’est ce qui monsieur Bia a compris quand il a décidé de m’enterrer. Il ne me tuait pas vraiment parce que je n’étais jamais né. Qui aurait remarqué un seul mouton manquant dans le troupeau des enfants vendus en ville chaque jour? D’ailleurs, qui faisait attention? Après tout, nous n’étions que des enfants.
Il est question ici de rejet, d’abandon, de trahison, de pauvreté, quelques fois d’espoir, mais si peu…
Un premier roman réussi pour Ryad Assani-Razaki, qui s’est mérité le prix Robert Cliche pour ce roman. Il se retrouvera sans doute aussi parmi les 5 finalistes dans la catégorie Roman Québécois pour le Prix des libraires du Québec 2012. Les finalistes seront connus le 31 janvier.
Mon seul bémol: quelques longueurs qu’il vaut toutefois la peine de traverser pour découvrir ce jeune auteur prometteur.
La main d’Iman, Ryad Assani-Razaki, éd. l’Hexagone, c2011, 324 p.