The Black Keys
El Camino
Nonesuch
États-Unis
Note : 7.5/10
par Jean-François Téotonio
Je l’avoue. J’ai découvert The Black Keys à la sortie de leur dernier album, Brothers. « Scandale! », crieront les fans de la première heure. « Tu te dis critique musique et tu ne connaissais pas les Black Keys avant Brothers? ». Eh bien non. Je n’en avais jamais entendu parler avant.
Brothers a roulé dans ma voiture et dans mes écouteurs sans arrêt depuis, lunettes fumées et volume au maximum. Du bon blues-rock inventif et accrocheur, porté par la puissante voix et guitare de Dan Auerbach et de la batterie « rentre-dedans » de Patrick Carney.
Bien sûr, conscient que j’avais du rattrapage à faire, et tellement impressionné par ce que ces gars de l’Ohio avaient offert l’an dernier, je n’ai eu d’autre choix que de me procurer les albums précédents. De l’excellente écoute, particulièrement Attack & Release (2008).
The Black Keys vient donc de lancer son septième album, El Camino. Leur premier depuis leur grande percée médiatique, publicitaire et donc populaire de Brothers. Co-produit par le groupe lui-même et par Danger Mouse, une sommité à l’heure actuelle dans le milieu de la production musicale (membre de Gnarls Barkley et de Broken Bells, producteur de deux albums de Gorillaz). Ce dernier avait d’ailleurs collaboré à l’album précédent du duo américain, et est une des raisons du succès planétaire dont jouit le groupe depuis.
The Black Keys nous offre ici une autre excellente galette. Ceux qui s’attendaient à entendre les bluesmen dans des pièces encore une fois accrocheuses (le terme pop ne leur sied pas particulièrement bien) devront se réajuster. Ici, on retourne plutôt vers ce que les précédents albums nous suggéraient. Pas de Tighten Up ou de Next Girl, ici. Du blues alternatif un peu plus ressourcé, quoique toujours à la sauce Black Keys.
D’entrée de jeu, on nous sert Lonely Boy, premier simple, et une des meilleures pièces du disque. Rythmée, intense et trame sonore parfaite d’un roadtrip entre amis à travers les États-Unis. S’enchaîneront des morceaux où guitares fuzzées, batteries boostées et voix pleines de distorsion se feront le plaisir de s’emmêler dans nos oreilles, dans un tout toujours aussi solide.
Outre la pièce d’introduction, on peut noter l’entraînante Gold On The Ceiling, qui ne manquera pas de faire swinger les parterres de salles de spectacle dans les mois prochains. S’en suivra Little Black Submarines, dont les références à Neil Young et autres de son époque seront particulièrement apparentes, introduite à l’acoustique, pour ensuite exploser en l’une des chansons les plus rocks de cet El Camino. On peut toutefois oublier Nova Baby, avant-dernier morceau, qui baigne dans les synthés un peu trop pop pour ce que sont les Black Keys.
Ce dernier album des gars de l’Ohio ne sera peut-être pas la bombe de hits qu’a été Brothers l’an dernier, mais il n’en demeure pas moins qu’on en apprécie l’écoute. L’absence de refrains plus accrocheurs se fait peut-être sentir en milieu de parcours, mais une écoute répétée réglera probablement cette lacune.