Entre 70 000 et 120 000 personnes vivent à l’année dans des campings. Pour la majorité de ces personnes, la vie de camping ne rime pas avec vacances ou divertissement. Ce n’est pas un choix. C’est un habitat précaire, l’ultime solution avant la rue lors d’une expulsion, d’une séparation ou simplement quand on n’a plus les moyens de payer son loyer, trop cher.
Or les occupants à l’année des mobil homes et autres caravanes sont aujourd’hui menacés par un amendement UMP adopté dans une proposition de loi UMP relative aux habitats légers de loisirs et à l'hébergement de plein air, adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale en novembre dernier.
Ce texte était supposé mieux protéger les occupants des campings, en rééquilibrant leurs relations contractuelles avec les exploitants de camping et éviter notamment des exclusions abusives. Mais, effet pervers de cette proposition de loi, le maire serait en droit – s’il était définitivement adopté – de demander l’expulsion des personnes ne pouvant apporter « un justificatif de domicile de résidence principale datant de moins de trois mois ». Cela condamnerait automatiquement les personnes qui sont aujourd’hui domiciliées dans un camping.
Mais, si les terrains de camping n’ont pas vocation à se substituer à la défaillance de la politique du logement, expulser ces personnes de leur emplacement n’a aucun sens et conduirait, en l’absence d’une proposition de solution alternative, à les pousser à la rue. C’est pourquoi le Parti socialiste demande la modification de la disposition concernée afin qu’elle ne devienne pas une nouvelle arme contre les centaines de milliers de mal logés dans notre pays.
Personne ne peut se satisfaire de la grande précarité de cet habitat qui démontre l’absolue nécessité de construire davantage, de construire des logements adaptés aux revenus de nos concitoyens et de réguler les marchés immobiliers et fonciers de sorte à mettre un terme à l’envolée des prix. Ce nouvel exemple montre une fois encore l’échec complet du gouvernement et de Nicolas Sarkozy à faire du droit au logement un droit réel.
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Nathalie Perrin-Gilbert
Secrétaire nationale au logement