Vie à crédit

Publié le 19 janvier 2012 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Perso, j'ai été notée triple B(use) quand j'ai voulu emprunter l'équivalent d'un pull Maje par mois pendant 4 ans pour faire des travaux dans mon appartement.

J'étais la Grèce. 

Mon banquier, un vieil abruti touchant, me regardait, il voyait une moussaka géante en face de lui.

Je n'avais pas de dettes, des revenus, modestes, un air pas net.

Soudainement, j'étais une exclue.

Un parent triple A a emprunté pour moi et je l'ai remboursé méthodiquement.

Il était l'Allemagne. Sa solidité. Il ne prenait jamais de glaces à deux boules.

A l'époque, je ne voyais pas les choses ainsi.

Mais maintenant, je sais. Ce triste monsieur (il avait dû me parler du décès ou du divorce d'avec sa femme, des années en arrière) était le Standard & Poors des particuliers.

Il m'avait notée. Il m'avait dégradée.

Et moi, j'avais pas eu ma chance. Pas comme la Grèce, qui a argumenté, promis de faire des économies.

Qu'on aurait bien voulu croire.

Il a regardé ma fiche de revenus et tranché.

On n'a pas fait de budget ensemble, il ne m'a pas dit comment, si je changeais de politique, bon de mode de vie, il pourrait envisager de me financer mon chauffage, leurs dépenses sociales.

Alors que j'étais prête à être bonne élève, si par exemple j'avais eu l'habitude de donner à ma paroisse j'aurais interrompu ces versements illico sur sa recommandation et l'Eglise grecque, elle, ne se serait jamais donné la peine de bazarder quelques églises décrépites.

QUI SERVENT A QUOI ?!?

En face, les organismes de crédit se désespéraient du bas niveau de la somme que je devais emprunter. A moins de 20 000 euros, je ne les intéressais pas.

Il fallait me fournir de l'argent, m'abreuver pour m'affoler.

Ils voulaient faire de moi la Grèce, euphorique j'aurais claqué.

Je voulais pas une vie tellement meilleure que celle que j'avais mais des radiateurs neufs et un coup de peinture, c'était ça mes envies, toutes.

D'un côté j'étais trop pauvre, de l'autre on voulait m'appauvrir.

C'est réjouissant.

C'est la Société.

Générale.

 Illustrations de Capitaine Némo -  Blog Médiapart