Cette étude de la Boston University School of Medicine (BUSM) apporte une nouvelle explication sur l'impact de l'excès de sel sur le développement de l'hypertension. Cette recherche, financée par les NIH et publiée en ligne le 5 janvier dans le Journal of Hypertension, met en avant le rôle du système nerveux sympathique dans le cerveau qui va aboutir via la production d'adrénaline à une constriction des artères et ouvre une nouvelle vision du traitement de l'hypertension.
Les Drs. Irene Gavras et Haralambos Gavras, tous deux professeurs de médecine à la BUSM ont souhaité rectifier la conception erronée du processus excès de sel-hypertension. Pour les auteurs, il ne s'agit pas forcément d'une augmentation du volume sanguin qui va exercer une pression trop élevée sur les artères mais d'une production en excès d'adrénaline qui va provoquer une constriction des artères. « Notre système circulatoire est très flexible et capable d'ouvrir de nouveaux capillaires et de détendre ses veines pour s'adapter à un volume sanguin accru", rectifie le Dr. Gavras.
Débat d'initiés, peut-être, mais l'explication pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements : Selon les chercheurs, la consommation excessive et la rétention de sel stimule le système nerveux sympathique dans le cerveau pour augmenter la production d'adrénaline. L'adrénaline provoque une constriction des artères, ce qui entraîne une résistance au flux sanguin et une diminution du volume circulatoire. Cette sur-activation du système nerveux sympathique a déjà été reconnue comme une caractéristique de l'hypertension qui accompagne l'insuffisance rénale. Cependant, cette étude fournit des preuves convaincantes que le système nerveux sympathique devrait faire l'objet d'investigations complémentaires pour améliorer les traitements pour l'hypertension.
Ces résultats montrent que le traitement optimal de l'hypertension, pour les cas liés à une insuffisance rénale, ne doit pas seulement inclure les diurétiques mais aussi des médicaments qui bloquent le système central nerveux sympathique, concluent les auteurs.
Sur le sel, il faut rappeler quelques points importants:
· En France, 2 hommes sur 3 et 1 femme sur 3 ont des apports en sel supérieurs aux recommandations françaises et 95 à 99% des Français dépassent les limites de consommation en sel fixées par l'OMS soit 5 g ou moins par jour.
· Une précédente étude de la Cochrane Collaboration publiée dans l'American Journal of Hypertension, suggère qu'avec une tension artérielle normale, une alimentation faible en sel ne réduit que légèrement la tension, mais conduit à de petites augmentations de substances telles que le cholestérol. En fait, il n'y a pas de véritable consensus sur la réduction de l'apport en sel et la réduction des problèmes de santé chez des personnes ayant une tension artérielle normale.
· Qu'a contrario, les personnes ayant le niveau le plus faible de sel présentent un risque plus élevé de mortalité par maladies cardiovasculaires par rapport au risque global moyen (Source JAMA 2011;305(17):1777-1785).
Source: Journal of Hypertension 5 January 2012 doi: 10.1097/HJH.0b013e32834f6de1 « 'Volume-expanded' hypertension: the effect of fluid overload and the role of the sympathetic nervous system in salt-dependent hypertension »
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