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TENTATIVES DE SUICIDE, HARGA, DROGUE..Pourquoi?

Publié le 19 janvier 2012 par Amroune Layachi

TENTATIVES DE SUICIDE, HARGA, DROGUE... Ces voyages au bout de l'enfer

Environ 800 Algériens mettent un terme à leur vie chaque année, des centaines de jeunes tentent d'émigrer clandestinement alors qu'il est signalé quelque 300.000 consommateurs de drogue entre douze et trente-cinq ans.

Une plaie béante d'une Algérie qui connaît une recrudescence sans précédent de ces fléaux sociaux: conséquences, sans doute, d'une mal-vie trop longtemps contenue. Des statistiques qui mettent en relief tout le malaise social qui secoue la frange la plus fragile de la population: sa jeunesse, ses forces vives.


Ces chiffres sont estimés en deçà de la réalité surtout en ce qui concerne les suicides qui représentent un tabou. Ils ne sont pas déclarés pour des considérations d'ordre religieux. Le suicide étant interdit par la religion muslmane. Son auteur peut ne pas avoir droit à des funérailles respectant le rite musulman. Ce phénomène est en train d'«exploser» surtout en régions kabyles où le suicide par pendaison est le plus pratiqué. Des statistiques datant de quelques années faisaient déjà état d'une moyenne de 728 décès chaque année. Ce qui représente 24 cas pour 100.000 habitants. Ces chiffres ont été rendus publics à l'occasion d'une journée d'étude sur le suicide et qui s'est tenue à l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi (Tizi Ouzou) en 2005. «Il y a un mort toutes les 12 heures.


Le suicide est un problème de société qui interpelle la conscience de tout un chacun», avait signalé le Dr Boudarène spécialiste en psychiatrie qui avait précisé que ce fléau prenait une ampleur considérable en Kabylie. Avec un taux de 13, 74%, Tizi-Ouzou arrivait à cette époque en tête des wilayas du pays. 84,9% des suicidés avaient recouru à la pendaison, tandis que 4,3% ont fait usage d'arme à feu pour mettre fin à leur vie. Des chiffres pourtant loin de la réalité.

Pourquoi?
«Les morts violentes ne sont pas systématiquement autopsiées au niveau des services de médecine légale dans les hôpitaux, ce qui a comme conséquence de camoufler un suicide en mort accidentelle», avait fait remarquer le président de la Société algérienne de médecine légale, le Pr Madjid Bessaha, lors d'une rencontre scientifique organisée autour du thème du suicide, en 2009 à Alger, par la Fondation Mahfoud-Boucebci. Tentatives de suicide, drogue, harga: cela ressemble à un triptyque «salutaire» quand bien même au bout du compte on peut y laisser la vie. Si pour le dernier d'entre eux on peut rêver d'espoir de vie meilleure même si cette évasion chimérique peut se transformer dans la plupart des cas en désillusion. Pour les deux premiers c'est sans doute la vie que l'on doit laisser au bout du compte.


C'est en ce genre de paradoxe que la vie ne vous laisse pas le choix.
C'est le lot de ces jeunes Algériens qui à force de ne pas voir le bout du tunnel finissent par se soumettre à leur triste sort. Une fatalité qui ne peut s'exorciser autrement que par cette manière de mettre dramatiquement sa vie en jeu. Comme pour prendre la société à témoin et des responsables en décalage par rapport à leurs revendications. Une forme de sollicitation extrême qui ne leur laisse ni le choix des armes encore moins d'autre alternative de dire un mal qu'ils n'auront que trop crier. Faute de trouver une main secourable, ils s'en remettent à des dérivatifs pour une dernière illusion, un paradis artificiel, pour aller vers une mort lente ou quasi instantanée. Ils sont des milliers à y postuler.
«L'Algérie compte actuellement entre 250.000 et 300.000 consommateurs réguliers, dont 40 à 50% d'utilisateurs de cannabis et 40% de psychotropes...


La consommation de la drogue, qui touchait jadis une catégorie déterminée, est devenue aujourd'hui un phénomène affectant toutes les catégories de la société», a déclaré au début du mois de janvier 2012, le président de la Forem, Mustapha Khiati, tandis que 42 harraga ont été interceptés à Annaba, indiquait L'Expression dans son édition du 15 janvier. Un voyage au bout de l'enfer.


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