Le cinéma américain possède encore de beaux moments dans son giron indépendant, ou pseudo indépendant. TAKE SHELTER nous le rappelait récemment. MARTHA MARCY MAY MARLENE, titre nominal, est également une parfaite réussite de portrait contemporain, un film d’une douceur et d’une sévérité assez impressionnante. Avec une soeur Olsen, mais la bonne (c’est l’élément marketing principal).
MARTHA MARCY MAY MARLENE raconte une histoire perdue, celle d’une jeune femme tentant de sortir des griffes d’une secte campagnarde, entre fascination et vérité. Une histoire en deux temps, montée sur deux époques ; celle de l’entrée dans la secte, celle du retour auprès de sa famille, autre (re)découverte. Elizabeth Olsen étonne à plus d’un point dans ce conte de fées inversé, où les espoirs et les confiances s’effritent au fil des découvertes. Aucune surprise sur la secte, d’un point de départ parfait à la découverte de pratiques douteuses, de la volonté d’en échapper à l’étrange attraction du leader (John Hawkes, parfait). MARTHA MARCY MAY MARLENE, des prénoms correspondants à différentes époques, pour une seule et même personne.
Quête de sa propre identité, difficulté de sociabilisation (que ce soit dans le groupe « secte » ou dans sa propre famille, MARTHA MARCY MAY MARLENE n’est jamais la bienvenue au premier abord), le film retrace à un instant de vie (ou un double instant) la perdition d’une jeune femme, dont on ne sait jamais si elle invente ses propres peurs ou si tout cela est réel. L’influence de la secte, les peurs nocturnes de son ex-protégée, la pression psychologique s’étendant bien au-delà de son séjour sur place, cédant la place à un malaise au retour dans la vie « normale ». MARTHA MARCY MAY MARLENE est un portrait très sensible, et une immersion réussie dans les doutes et les espérances d’une jeune femme gouvernée par d’autres, et n’ayant pas encore l’assurance de ses propres choix…