"The Descendants" : Clooney au pays du deuil

Par Vierasouto

Pitch.
Après l'accident qui a laissé sa femme dans le coma, un propriétaire terrain de Hawaï apprend qu'elle avait un amant. Avec ses deux filles, il décide de partir à sa recherche de l'amant de sa femme, une occasion de faire le point sur sa vie et ses origines.
J'ai vu ce film le 2 novembre, soit le jour des morts, et je me suis fais la remarque : tiens! ils passent un film sur le deuil le jour des morts! Cela donne le ton de ce film qui vient d'obtenir deux Golden Globes dans la nuit du 15 janvier dont celui du meilleur acteur pour George Clooney en contre-emploi des rôles qu'on lui voit tenir depuis toujours. Car le personnage de Clooney ici est cocu, what else?
photo Fox

L'angle du film est apparemment de prendre Hawaï et Clooney, deux images lumineuses dans l'imaginaire collectif, et de détruire les mythes : la vie peut être grise à Hawaï et Clooney peut interpréter un bonnet de nuit. La première scène du film, c'est l'effondrement des images cliché du bonheur à Hawaï : la blonde épouse de Matt King est fauchée tandis qu'elle fait du ski nautique, on la retrouve dans le coma. Matt se souvient alors qu'il aurait pu gâter davantage sa femme... Se retrouvant, avec sur les bras, ses deux filles qui ne lui font aucune confiance, ses cousins hypocrites qui tentent de le convaincre de vendre les terres familiales auquel il est attaché sans trop s'en rendre compte. Pour couronner le tout, Matt apprend que sa femme avait un amant, c'en est trop. Avec des deux filles, Matt part à la rencontre de l'ancien amant de sa femme dont il se trouve qu'il est partie prenante dans la vente des terrains comme agent immobilier.
Bien entendu, ce double choc va faire revoir à Matt King son échelle des valeurs, obligé de se rapprocher de ses filles, de se comporter en père, prenant conscience de son amour viscéral pour la beauté de Hawaï et notamment des terres ancestrales que sa famille le pousse à vendre. On aborde ici le milieu social des propriétaires terriens de Hawaï et de leurs descendants responsables d'un patrimoine qu'il peuvent protéger ou vendre au plus offrant des promoteurs immobiliers. Matt King est un représentant d'une catégorie précise de la population Hawaïenne : les "hapa-haole" (demi-blanc) car son arrière-grand-mère était une princesse indigène mariée à un banquier "haole" (mot hawaïen qui désigne un blanc ou un étranger), et, en tant que tel, il n'a jamais trouvé son identité culturelle. "The "Descendants" est tiré du livre éponyme de Kaui Hart Hemmings, elle-même Hawaïenne, paru en 2009. Ce qui a frappé le scénariste qui a adapté lé livre, c'est la mémoire des Hawaïens sur leur généalogie qu'ils connaissent par coeur parfois sur 6 ou 7 générations à partir du moment où leur famille est arrivée sur l'île.
Famille, filiation, patrimoine, héritage, le thème du film est universel en partant d'une histoire particulière d'un père défaillant se retrouvant seul avec ses filles du jour au lendemain. On va du particulier au général, l'échec de son mariage, la perte de vue de ses origines qui le conduisent à se laisser influencer par ses cousins qui veulent toucher le jackpot, Matt King, individu ni bon ni mauvais, englué dans son train-train quotidien, n'a rien vu venir. Seul un choc peut le réveiller. Dans ce rôle d'un homme terne, pas charismatique, débordé, Clooney tire son épingle du jeu. Le film est dans l'esprit des "tristes tropiques", un ton mélancolique, le hiatus entre la magnifiscence des lieux et la déprime larvée des protagonistes.

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