Lu dans Audiology InfosJan 2012 et tiré de l´article de Burton H et al. : Altered networks in bothersome tinnitus: a functional connectivity study. BMC Neurosci. 2012;13(3):e1001231.
j´ai traté récement de la notion de plasticité cérébrale et de son lien dans le développement et la pérénisation des acouphènes. Voir le post ICI.
L'acouphène modifie l'interaction entre les zones cérébrales
Une personne souffrant d'un acouphène a parfois des difficultés à se concentrer sur une autre tâche cognitive n'impliquant pas le cortex auditif. De la même façon, une distraction, par exemple visuelle, peut réduire la perception de l'acouphène. Les différentes aires cérébrales entreraient donc en conflit chez un patient acouphénique, en raison d'une modification des liaisons nerveuses, un phénomène appelée plasticité neuronale. Comment l'apparition de l'acouphène modifie-t-elle les connections du réseau cérébral ? Pour le savoir, une équipe de neurobiologistes et d'ORL de l'université Washington de Saint-Louis (États-Unis), menée par le Dr Harold Burton, a comparé l'activité cérébrale de 17 patients souffrant d'acouphènes sévères à un groupe contrôle de même âge. À partir de l'IRM fonctionnelle, l'activité de 17 zones cérébrales a été mesurée : parmi les 136 interactions différentes envisageables entre deux aires distinctes, seules dix paires ne présentent pas les mêmes corrélations temporelles chez les deux groupes, indiquant une modification des connections neuronales.
Par exemple, chez les acouphéniques, l'activité d'une région du cortex auditif primaire gauche est négativement corrélée à celle de la surface médiane du cortex occipital bilatéral (siège du traitement visuel), à la différence des patients du groupe test. Les connections sont également modifiées entre le cortex auditif et certaines aires impliquées dans le contrôle de l'attention, comme l'insula antérieure droite.
La plasticité cérébrale désigne la capacité du cerveau à réorganiser les connexions entre ses neurones - c´est à dire que des changements se produisent dans la structure du cerveau à la suite de l'apprentissage ou l'expérience. Les changements qui ont lieu sont liés aux défis de l'environnement et représentent donc une adaptation à elle.
Les chercheurs suggèrent toutefois que cette plasticité du réseau neuronal du cerveau acouphénique, liée à une modification de l'efficacité synaptique, serait une conséquence et non une cause de l'acouphène, le cerveau s'adaptant à l'apparition du son fantôme. Ainsi, l'activité du cortex visuel serait diminuée lorsque le cortex auditif est actif car la vue serait "inutile" pour traiter l'apparition de l'acouphène, un phénomène auditif. De même, "les différences de connectivité chez les patients acouphéniques entre l'aire visuelle primaire droite et les composants du réseau de l'attention pourraient refléter une adaptation visant à réduire l'importance des sons fantômes et à maintenir l'attention face aux événements non-auditifs", expliquent les auteurs de l'étude. Ces modifications du réseau cérébral concernent également des aires corticales non sensorielles : l'acouphène entraîne donc des changements importants dans l'organisation du cerveau.
G.F. (17/01/2012 09:59)