SYNOPSIS :
Dans le calme et la pénombre, au chevet de son père qui vient de se faire opérer des yeux, Charlotte Brontë écrit, se remémore sa vie, la transfigure. Elle devient Jane Eyre dans la rage et la fièvre, et prend toutes les revanches :: sur ce père, pasteur rigide, désormais à sa merci, sur les souffrances de son enfance marquée par la mort de sa mère et de deux soeurs aînées, sur sa passion malheureuse pour un professeur de français à Bruxelles, sur son désespoir face à son frère rongé par l’alcool et la drogue, sur le refus des éditeurs qui retournent systématiquement aux trois soeurs Brontë leurs premiers romans, envoyés sous pseudonyme.
AVIS :
C’est extrèmement dommage mais, en France, l’histoire de la famille Brontë est méconnue, voir ignorée. Ne nous mentons pas, le chauvinisme est un peu le sport national et les cours de littérature étrangère sont inexistants avant l’université. Et pourtant il y a quelque chose d’intriguant dans ces personnages ayant écrit les plus grands classiques anglais.
Sheila Kohler décide à travers son ouvrage de retracer les réflexions de Charlotte mais aussi d’Emily, de leur frère, leur père et d’intervenants extérieurs pour mettre en lumière la naissance de deux chefs d’œuvres : « Jane Eyre » et « Les Hauts de Hurlevents ».
Il est facile de se poser la question de la légitimité de S. Kohler pour parler si intimement d’écrivains de cette envergure. Un rapide coup d’œil à sa bio « wikipédiale » nous rassure. Amoureuse de la littérature depuis toute petite, titulaire d’un diplôme à la Sorbonne, et professeur à plein temps à Princeton en littérature anglophone, Sheila ne chaume pas. Elle s’intéresse plus particulièrement à Charlotte, la plus prolifique de tous et ayant connu le succès en premier.
Ce qui l’a poussé à écrire ce roman c’est ce pan de vie resté dans l’ombre, celui pendant lequel Charlotte a rédigé ce roman qui la rendra célèbre et changera sa vie.
Sheila Kohler imagine avec brio ce qu’a pu vivre l’écrivain durant cette période. Elle fait transparaître une douce folie pendant tout le roman, douce folie qui se transforme parfois en profonde tristesse ou mélancolie.
Car, c’est évident, on ne peut espérer hisser sa famille au rang de mythe sans casser quelques œufs. Les Brontë n’ont pas eu une vie facile, marquée par la mort, la maladie, la pauvreté, l’égocentrisme d’un père mais aussi et surtout par ce lien de l’écriture qui unit les enfants jusqu’à la fin et même dans les pires moments.
Ce livre se lit d’une traite et l’écriture de Sheila Kohler est assurée et de bonne qualité. La mode des name-dropping en littérature est loin de cesser, on en a vu des exemples plus ou moins bons avec Edouard Limonov, Jayne Mansfield et autres.
Notons que si tout les romans de ce genre se révèlent aussi bon que Quand j’étais Jane Eyre, il n’y a pas matière à critiquer le phénomène.
Ne nous mentons pas, ce livre apparaît comme un « back-up » à l’étude de la littérature
et n’aura jamais la portée des « Hauts de Hurlevents ». Mais il reste agréable, et beau ça c’est un plus.