Le monde point à la ligne, de Philippe Dorin, par la Compagnie des Petits Pas
Par Onarretetout
Philippe Dorin crée le monde avec des mots. Rien d’autre. Pourtant ce sont des textes de théâtre. Il faut en trouver le volume, la couleur, la lumière, la musique. Ici, on est entraîné dans une histoire même pas vraie mais qu’on aimerait croire : au début le monde aurait été bien rangé dans une armoire, les océans en dessous, et, au-dessus, les fleuves, les rivières, les prairies, les montagnes, le ciel… Mais, avant ça, il y a le langage perdu dont ne reste que les o-u-oi, oua, et voilà comment un petit chien monte la garde… Deux personnages se transforment : une femme devient un garçon, une grande dame devient une petite dame. Le papier dessine le chemin et devient un homme qui pêche, ou qui écrit… Les textes de Philippe Dorin nous entraînent avec une certaine légèreté de transformation en transformation vers des choses sérieuses, réussissent à nous faire faire le tour du monde en une seule journée de moins d’une heure. Sur la scène, la rivière qui n’avait pas de place devient plus grande que l’univers : c’est l’écriture qui trouve sa source en nous-mêmes ; il suffit de fermer les yeux, comme, au théâtre, pour que ça commence, il suffit d’éteindre les lumières (clic) et de les ouvrir (clac).
La Compagnie des Petits Pas nous a offert ce merveilleux voyage dans l’imaginaire d’un auteur qui essaie une histoire, puis une autre, et encore une autre, et une petite chanson, et la valse de Strauss qui est pour moi (et beaucoup d’autres) liée à 2001, Odyssée de l’Espace, et qui, ici, donne à cette petite rivière qui tient dans un encrier l'ampleur démesurée du Beau Danube Bleu.
J'ai vu ce spectacle à la MJC de Villebon-sur-Yvette (91)