Naufrage d'un mastodonte

Depuis que je suis en âge d'exercer mes propres choix de vie, il aurait fallu me payer et très cher, pour que j'accepte d'embarquer de mon plein gré sur un paquebot de croisière. C'était un sujet de controverse rigolote avec Claude qui me chinait là-dessus.

J'avoue, malgré la faible fréquence des accidents, que j'ai toujours eu peur sur ces énormes navires. Les seules fois où j'ai dû me faire une raison, ce fut pour me rendre en Corse ou en Grande-Bretagne... J'ai une autre phobie, tout aussi ridicule : les téléphériques, mais curieusement, je n'ai pas du tout peur en avion !

Alors aujourd'hui, j'ai une pensée horrifiée envers toutes ces personnes qui ont passé les plus affreuses heures de leur vie à attendre l'évacuation très problématique du navire, lui aussi déchiré sous la ligne de flottaison, comme le Titanic. A croire que l'on a rien appris en un siècle, qu'il y a toujours des dingues à qui une entreprise fait confiance et qui ne sont pas - et c'est peu de le dire - à la hauteur de leurs responsabilités.

Parce que la compagnie a beau jeu aujourd'hui de tout mettre sur le dos du commandant, qui a eu un comportement aberrant. Mais on va finir par tout savoir, et en particulier que l'exercice consistant à "saluer" les habitants d'une île, le plus près possible, toutes lumières allumées, semble bien ressortir du rituel, bien connu de la compagnie. Le Costa Concordia est échoué à moins de cinquante mètres du rivage rocheux, puisqu'il a basculé. Mais tout de même, cela signifie que cette énorme ville flottante de 5000 habitants posée en équilibre sur la mer devait s'approcher à moins de 100 mètres dans une zone nécessairement bousculée, passer entre des récifs ...J'hallucine ...

Cela me fait froid dans le dos. J'imagine la panique, l'angoisse, le froid, la fatigue... Moi, je serais morte d'arrêt cardiaque, c'est certain. Et la question qui me taraude, c'est : comment tant de gens se laissent tenter par une croisière : on vous empile dans un hôtel clinquant et qui bouge, c'est toujours bruyant une cabine car les générateurs de courant fonctionnent tout le temps, il faut dormir avec des boules dans les oreilles, on doit finir par tourner en rond au milieu des touristes en bermuda et chemises à fleurs (en été), on doit manger trop, on ne bouge pas assez, c'est un Luna park ambulant prévu pour amuser de la façon la plus .....disons "facile" pour ne pas être snob ...le tout pour pas mal de fric tout de même ....
En attendant, il y a des morts - onze au compteur hier après-midi - , des disparus, un secteur économique frappé de plein fouet - si je n'apprécie personnellement pas ce type de vacances, je ne veux en dégoûter personne et un grand nombre d'emplois sont en jeu - un littoral merveilleux saccagé - par la vue de cette grosse bête échouée et bientôt par l'inévitable pollution des tonnes de fuel lourd contenu dans ses soutes pleines - un vrai désastre !

Quel gâchis !