Le Danemark européen (2/2)

Voici la suite de mon billet sur le Danemark, plus concentré sur l'actualité de sécurité, après un billet précédent dégageant plus les grandes lignes géopolitiques.

source : à la tête de l'UE, le Danemark veut jeter des ponts

Interrogeons nous sur les raisons de l'annonce danoise.

Certes, le Danemark assure la présidence de l'UE : c'est une opportunité de mettre en avant l'esprit européen du pays, et de se mettre en valeur. Les esprits chagrins peuvent également voir dans cette décision l'effet d'un cynisme extrême : au fond, puisque la PSDC est totalement encalminée, cela ne coûte vraiment rien de la rejoindre puisque ça ne toucherait pas aux intérêts profonds du Danemark. Toutefois, on peut discerner des motifs moins pessimistes dans la décision de Copenhague.

D'abord, la crise de l'euro pose la question de la solidarité européenne : symboliquement, la décision danoise est très appropriée. Il s'agit d'une décision destinée à resserrer les rangs, et à rappeler que nous partageons bien des choses en commun. Une décision politique. Et qui se veut "exemplaire", au premier sens du mot.

Ensuite, le constat que les vieilles alliances n'obéissent plus à la même grammaire stratégique : le Rift transatlantique s'élargit, et les Anglais ont choisi un isolement peu rassurant à la suite du dernier sommet de Bruxelles. Au fond, il y a le sentiment d'une vraie communauté européenne de destin. Et puisque les États-Unis ne cessent d'inciter les Européens à prendre en main leur sécurité, autant les écouter : il n'y aurait là aucun "délit" de mauvais atlantisme.

Signalons de même l’influence balte, et notamment l'action polonaise : Varsovie est beaucoup plus pro-européenne (notamment à la suite de la présidence UE le dernier semestre 2011), d'autant que le spectre russe suscite moins de répulsion que par le passé. D'une certaine façon, l'Europe du Nord s'aperçoit de l'intérêt de la coopération européenne.

Enfin, les Danois ont toujours utilisé l'outil militaire comme mise en œuvre de la puissance : il y a chez eux peu de prévention à son encontre, et c'est probablement le pays scandinave le moins "pacifiste" (même s'il est bien sûr pacifique). C'était une des raisons du refus intial d'entrer dans la PESC, à cause du primat otanien. Les esprits ont évolué, et l'OTAN à besoin de la PSDC....

Regardons l'engagement danois dans les opérations et les structures de sécurité : on constate une présence importance et active.

• en Afghanistan, 750 militaires y servent dans la province disputée du Helmand aux cotés des Américains et Britanniques. Et ils ont toujours été aux avant-postes, prenant des risques importants. En dix ans d’engagement, les Danois ont ainsi perdu 42 de leurs hommes.
• l’ancien Premier ministre danois (A.F. Rasmussen) est SG de l’Alliance atlantique.
• Un diplomate danois conduit le groupe de travail « questions juridiques » du groupe de contact international sur la piraterie.
• L'armée de l'air danoise a participé aux opérations en Libye
• Un Danois prend le commandement de la CTF-151
• Un Danois présidera le comité militaire de l’OTAN à partir de 2012

Ainsi, c'est une bonne nouvelle de voir le Danemark appuyer la PSDC : le renfort est de poids.

O. Kempf