Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Un couple, avec tous les hauts, les bas et les plats que cela comporte. Et la vie, avec tous les hauts, les bas et les plats que cela comporte. Et donc aujourd'hui, avec le chômage en lieu commun. D'une banalité effrayante. On a tous quelque part nos identifiants Pôle Emploi. Pour certains d'entre nous, ils sont au fond d'un tiroir, pour d'autres, à côté de leur ordi.
Au sein du couple, le chômage créée différents passages obligés. Au début, il rapproche. Une solidarité instinctive se met en place entre le travaillant et le recherchant. Le travaillant active son réseau, promeut le CV du recherchant, lui envoie des liens de petites annonces pendant la journée, bref, ils y croient ensemble. Ils recherchent ensemble, même.
Puis vogue la galère, ce n'est pas si facile que prévu. Les entretiens se raréfient. Les pistes s'essouflent. Les excuses s'inventent. Des deux côtés, on se rassure comme on peut. Oui mais là c'est les vacances, personne ne recrute, oui mais là c'est le mois d'Aout, la France est morte, oui mais là c'est avant les fêtes, personne ne recrute, oui mais là c'est pendant les fêtes, personne ne recrute, oui mais il vaut mieux attendre janvier, que tout reprenne.
Vient janvier, après des semaines et des mois de galère surmontés tant bien que mal, les espoirs se font crispants. Les questions plus tendues. Alors ? Des nouvelles aujourd'hui ? Non, rien. Puis les questions se font rares. La frustration grandit. Celle du recherchant, qui s'enferme dans le mutisme de ses CV et des réponses négatives automatiques, celle du travaillant qui sent la pression sur ses épaules augmenter. Sa fatigue grandir. Sa patience diminuer.
Après 9 mois de gestation, au sein du couple, nait un tabou. L'emploi. Celui qui en a n'ose plus en parler, celui qui n'en n'a pas, n'ose plus en parler. Un mur s'élève, que chaque journée fortifie. Un pan de complicité s'effondre. Une colère sourde gronde de non-dits. Les recherchants recherchent-ils vraiment ? Poser la question reviendrait à trahir la confiance du couple. Les travaillants comprennent-ils vraiment ce que les recherchants vivent ? Combien de temps un couple peut il résister au chômage ? Ca dépend des couples, forcément. Le chômage, lui, résiste bien.
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