Pour les retardataires un peu frileux, je vous propose aujourd'hui un manteau chaud et confortable qui vous accompagnera idéalement pour le passage de l'hiver saison 2012. En la matière, il me semblait que cet album de Agnes Obel s'y prêterait bien. Douillet à souhait, "Philharmonics" n'est déjà plus une nouveauté en soit. Sorti en automne 2010 et largement plébiscité par les critiques européennes, ce disque a remporté de nombreuses récompenses, à commencer par tout un tas de distinctions dans le pays d'origine de la jolie danoise.
Découvert sur le tard (à la radio je crois), je me suis depuis pas mal rattrapé. Car il est de ces albums dont le raffinement minimaliste et la simplicité des mélodies en font à eux seuls la grâce et la force. Suave et délicat, les premières secondes au piano de "Falling, Catching" plante le décor et donne la cadence au reste de l'album. On aime ou on n'aime pas l'accent mis sur l'air et le chant, la relative et apparente "facilité" d'écriture du piano vers des motifs progressifs et répétitifs, entre pops et classiques, taillés pour aller à l'essentiel, directement au coeur de la mélodie pure, mais quoi qu'il en soit on ne reste pas indifférent à l'atmosphère sphérique qui nous emprisonne irrémédiablement dans un cocon de ouate symphonique et éthéré.
Le grand romancier et voyageur Nicolas Bouvier avait l'habitude de dire que selon lui, en matière d'écriture, l'écrivain, et plus particulièrement le poète, face à ses idées et à sa page brouillonnée, devait composer de la même manière qu'un chirurgien en exercice. Mêcher l'infection, débarrasser les imperfections, le pus ou la tumeur, solidifier la structure, autant de gestes précis et nécessaires, voués dans les 2 cas à servir le même désir de "perfection" recherché (et subjectif). Je reconnais que dans ce cas précis la métaphore peut sembler un peu trop poussée. Comparer "Philharmonics" avec "L'usage Du Monde" n'est certainement pas la meilleure chose à écrire. Même si en me relisant je constate que je force généreusement le trait, au moins pour l'esprit, je me dis que c'est forcément là qu'a voulu en venir Agnes Obel. Parce qu'en y écoutant de plus près, à part une évidente beauté douce et délicieuse, il n'y a vraiment quasi rien dans ce disque. Pas de superflu, pas de grosse structure instrumentale, pas de généreux arrangements, pas de production démesurée. Rien de tout cela, hormis l'évidence de la réussite du mariage des compositions "enfantines", féériques, et de la voix cristalline de son auteur. Après, je le redis, encore faut-il aimer ce genre d'ambiance, apaisée, tamisée simplement de piano et de violoncelle, avec tout au plus une légère rythmique acoustique ou un arpège de guitare. Moi j'en aime le raffinement et la mesure. A prendre ou à laisser. Amazon iTunes Officiel